Gary Cooper devait beaucoup aimer son métier, en tout cas il a dû adorer faire ce film, on a vraiment l'impression qu'il s'éclate. Du coup, c'est contagieux.
Son personnage est tout en malice et roublardise (avec une once de sadisme totalement jubilatoire). Coincé entre éleveurs de vache et cultivateurs de maïs, il s'essaie, en bon héros ricain solitaire et avec plus ou moins de réussite, à la médiation. Et c'est là (et aussi pour éviter une pendaison désagréable), qu'il fait montre d'un talent indiscutable et enviable pour la ruse. Tel un Ulysse en santiags
Une fois n'est pas coutume à Hollywood, le héros se sert du mensonge pour arriver à ses fins. Mais, un menteur avec le sourire désarmant et les yeux de grand fou de Gary, personne ne peut y trouver à redire, même aux Etats-Unis.
Alors oui le film lui doit beaucoup, mais pas seulement. Walter «pas encore Stumpy» Brennan est aussi merveilleux en juge Bean. Légende de l'Ouest bien à part, ce type est une sorte de génie, un brin dictateur. En gros, la loi, c'est lui, ce qui simplifie la vie, en tout cas la sienne. Juge et barman, le type ne rechigne pas à la tâche : il a deux métiers. Et oui, déjà à l'époque, le libéralisme américain conduisait tout droit à la précarité.
Certains scènes sont hilarantes, notamment durant la première demi-heure, au saloon-tribunal. Après, ça s'essouffle, la faute à cette manie qu'à le cinéma de vouloir à tout prix raconter une histoire, j'entends par là de l'action, une relation homme-femme, des méchants, une trame, un climax... Ça suffit amplement de regarder Gary et Walter picoler, se remettre la nuque droite à coups de taquets, se mentir, s'arnaquer, se doubler...
Le cinéma ne devrait pas s'adresser aux gens médiocres, il devrait être réservé aux personnes faisant preuve d'un certain détachement intellectuel. Pas sûr, que le mot «personne» puisse être employé au pluriel.
PS : Bien entendu, il n'y a pas de Bill dans ce film. Merci le monsieur traducteur.