đâđ đžđđđđĄđđđ đ»đđđ đđđđ, rĂ©alisĂ© par Sydney Pollack, s'inscrit dans la tradition des grandes romances hollywoodiennes tout en y insufflant une rĂ©flexion inattendue sur les dĂ©rives du capitalisme moderne et l'exploitation de la nature. Avec Robert Redford et Jane Fonda en tĂȘte d'affiche, le film capitalise sur l'alchimie Ă©vidente entre ces deux icĂŽnes du cinĂ©ma amĂ©ricain, tout en s'aventurant sur des terrains thĂ©matiques plus audacieux pour l'Ă©poque, tels que la protection des animaux et la critique du consumĂ©risme.
Le film repose sur une intrigue volontairement simple, presque dĂ©suĂšte, oĂč lâon suit le parcours dâun ancien champion de rodĂ©o dĂ©chu, Sonny, interprĂ©tĂ© par Robert Redford, qui dĂ©cide de sâĂ©manciper de lâexploitation commerciale dont il est victime en sâĂ©chappant, avec un cheval de course, Ă travers les vastes plaines dĂ©sertiques. Jane Fonda, dans le rĂŽle dâune journaliste dĂ©terminĂ©e, le rejoint dans cette cavale improbable, et leur relation Ă©volue selon les codes classiques du genre, oĂč lâhomme rustique et la femme urbaine apprennent Ă s'apprivoiser. Loin des romances caricaturales, lâintensitĂ© entre Fonda et Redford rappelle les grand duo du cinĂ©ma classique, avec une subtilitĂ© qui Ă©vite le clichĂ© et offre des moments dâune grande tendresse.
Au-delĂ de cette relation, Pollack parvient Ă entremĂȘler des thĂšmes bien plus contemporains que ne le laisse prĂ©sager l'intrigue. Le film critique ouvertement les grandes corporations, incarnĂ©es ici par une entreprise sans scrupules qui exploite Ă la fois l'homme et l'animal, dans une course effrĂ©nĂ©e au profit. Sonny, en refusant de participer Ă ce systĂšme corrompu, devient un symbole de rĂ©sistance face Ă une industrialisation croissante qui menace Ă la fois lâindividualitĂ© et les espaces sauvages. Ce nâest pas simplement une fuite pour sauver un cheval, mais une fuite pour sauver un monde en voie de disparition, une idĂ©e qui rĂ©sonne particuliĂšrement aujourdâhui.
La mise en scĂšne de Pollack, tout en Ă©tant subtile et efficace, laisse volontairement place aux personnages et Ă lâampleur des paysages. Son approche presque contemplative capte Ă la fois la beautĂ© brute des dĂ©cors naturels et lâintimitĂ© des Ă©changes entre Redford et Fonda. Cette simplicitĂ© de la rĂ©alisation pourrait ĂȘtre perçue comme une faiblesse, mais c'est prĂ©cisĂ©ment ce qui permet au film de conserver son charme dĂ©suet. Pollack maĂźtrise l'art de laisser les acteurs briller.
Cependant, si đâđ đžđđđđĄđđđ đ»đđđ đđđđ sĂ©duit par son cĂŽtĂ© chaleureux et accessible, il manque peut-ĂȘtre ce soupçon dâaudace qui aurait pu en faire une Ćuvre vĂ©ritablement marquante. Le film Ă©vite soigneusement toute prise de risque formelle ou narrative, prĂ©fĂ©rant rester sur un terrain familier, oĂč lâon sait dâavance que tout se terminera bien. Câest prĂ©cisĂ©ment cette volontĂ© de renouer avec une forme de cinĂ©ma classique, oĂč les grands sentiments priment sur le reste, qui fait tout le charme du film et sa plus grande faiblesse.
đâđ đžđđđđĄđđđ đ»đđđ đđđđ est Ă la fois un hommage au cinĂ©ma dâantan et une rĂ©flexion douce-amĂšre sur la modernitĂ©. PortĂ© par la complicitĂ© irrĂ©sistible de Redford et Fonda.