Tourné en 1961, "Le cavalier noir" est une curiosité inclassable, digne d'intérêt pour plusieurs raisons.

Son casting improbable, tout d'abord. Dirk Bogarde, carrure de freluquet, port affecté, air altier et pensif d'un étudiant en lettres à Oxford, incarne un "bandido" psychopathe peu convaincant (il supplée Richard Burton et Marlon Brando, initialement pressentis). Mylène Demongeot, Brigitte Bardot de 2ème classe (regard de chatte, chevelure blonde bouffante et moue boudeuse) est quant à elle aussi crédible en villageoise mexicaine (Lucha) qu'Adriana Karembeu ne le serait en pêcheur de phoques Inuit.

Son genre cinématographique indéfini, ensuite. En surface, il s'apparente au western, dont il reprend, jusque dans l'affiche, les poncifs éculés : village écrasé sous la chaleur du Mexique, groupe de cavaliers régnant par la peur, équilibre précaire bousculé par un étranger intègre et solitaire, fusillade finale résolvant les antagonismes moraux. Située dans les années 1950 (à voir les toilettes de ces dames et les fourgonnettes qui circulent dans le village), l'intrigue n'oppose cependant pas comme le voudrait l'usage, deux chatouilleux de la gâchette, mais un homme d'église (Keogh) et un chef de bande, aux motivations ambivalentes (Anacletto), qui seront révélées progressivement.

Son titre énigmatique enfin, - "The singer not the song", massacré, comme de coutume, lors de la traduction française, et dont la signification métaphorique nous est livrée au cours de la scène finale.

Souvent théâtral mais jamais kitsch, ce "western" singulier, psychologique et baroque, recèle ce charme si particulier du cinéma B U.S. des 60's, qui devrait interpeller les amateurs du "cinéma de quartier" de Jean-Pierre Dionnet et autres nostalgiques de "la dernière séance" d'Eddy Mitchell.

Ils pourront se faire leur propre idée ici...
http://www.youtube.com/watch?v=EOcpIGqOoD4
beebee
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le 6 févr. 2011

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