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C'est comme une opérette, un triangle amoureux mettant en scène un prêtre catholique, une jeune fille téméraire et un bandit beau comme une gravure de mode. "The singer, not the song", titre original et dernière phrase prononcée, donne le ton de ce film incroyable, audacieux et totalement atypique.


Très mal accueilli en 1961 puis devenu culte, grosse production ayant envisagé Marlon Brando pour le rôle du bandit et surtout Charlton Heston pour celui du prêtre (lequel se retirera du projet au dernier moment), La cavalier noir s'avère totalement inclassable.


Ça se passe dans un coin retiré du Mexique, une bourgade qui vit dans la terreur imposée par un bandit sans cœur, Anacleto, sorte de dandy sadique et athée, alors qu'un nouveau prêtre arrive. Locha, fille d'un propriétaire terrien, blonde platine moins ingénue qu'on pourrait le croire, devient alors le troisième membre de cet improbable trio.


Moulé dans ses vêtements, arborant le plus souvent un pantalon de cuir rutilant, le personnage interprété par un Dirk Bogarde diablement séduisant, s'avère totalement queer. Entouré de mauvais garçons de carnaval, il questionne la foi d'un prêtre aussi bon qu'intérieurement perturbé et sème le trouble dans les esprits afin de mieux dissimuler ses propres tourments.


Jolie comme un cœur, romanesque et déterminée, Mylène Demongeot (alors en pleine gloire) impose une figure féminine profondément sincère et droite, dont la lucidité et l'aplomb tordent le coup aux clichés.


Au centre du triangle amoureux, celui que les autres convoitent, John Mills, malgré un charisme discutable, réussit à construire un personnage complexe et parfaitement cohérent.


Construit en trois mouvements, Le cavalier noir est un western de théâtre retors et malicieux, délicieusement provocateur, qui évoque autant l'amour interdit des prêtres que l'homosexualité à une époque où les tabous avaient la vie dure. Dominé par le duo Bogarde/Demongeot, lui posant déjà les marques des rôles qui allaient faire sa gloire, elle en Bardot intelligente, il impose une singularité qui en fait un film rare et précieux.

pierreAfeu
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le 28 janv. 2016

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