Il y a pas mal d'américanophilie chez Umberto Lenzi, mais peut-être doit-on cela à son scénariste, Umerto Lenzi. Blague à part, ce n'est pas tous les jours qu'un générique présente une si belle coquille.
Pas d'erreur cependant dans l'introduction : ce sont bien les paysages d'un vaccaro solitario. Illusion d'une Amérique bien lointaine ; c'est en Italie que se passent les courses-poursuites (et que se cassent les bourses pour suite), plagiat innocent des États-Unis dont on s'inspire.
Faire aller des voitures si vite (par accélération de l'image, pas des autos !), modulo la casse, a le grand avantage de nous faire voir du pays et de rentabiliser un tournage assez mobile, même si ça décrédibilise les décors fixes. Question de mouvement, il savaient d'ailleurs y faire, chez Lenzi : sacrées pirouettes que celles des tués par balles, des sorties de scène aussi acrobatiques que ridicules qui tentent de faire la part belle aux douilles qui volent. À ne pas confondre avec les andouilles qui volent, autres protagonistes d'avant-plan dans cette œuvre d'immoralité crasse qui fonce nez dans le guidon à partir du moment où ses bases sont posées.
Clairement, il ne faut pas trop réfléchir au visionnage. Dussions-nous tenter de rationaliser chaque mort pendant seulement 10 secondes qu'on passerait à côté de tout le film. Car il a un intérêt tout de même : il dépasse la cohabitation des crapules et des policiers et s'offre une vue panoramique sur la plus totale ambiguïté de leurs différences. On s'attache au truand, on méprise presque le gardien de la paix, et l'on se retrouve sans antagonistes, avec pour seule cible à notre haine les différends humains entre ces différents humains.
Ce n'est pas la plus belle production parmi les thrillers italiens. Le traitement est violent et décérébré et n'offre aucune échappatoire aux crimes qu'il dépeint si vaillament. Sa face cachée est un peu trop discrète, mais heureusement un peu plus subtile.
Quantième Art