Comme souvent avec le poliziottesco, l’ensemble est maladroit et foutraque mais rythmé et entraînant. En somme, ce n’est pas du grand cinoche mais c’est franchement divertissant. Les bonnes idées ici ne manquent pas. La première est celle d’amener un flic à sortir de prison un truand pour l’aider à débusquer un sale type qui a enlevé une enfant malade. Difficile de ne pas penser à un autre duo mal assorti, formé à l’identique, qui sera le patient zéro du buddy movie, à savoir 48 heures. Ici, le potentiel comique n’est pas utilisé à son maximum, mais le volubile Thomas Milian fait bon ménage avec le taiseux Claudio Cassinelli qui, s’il est moins crédible quand il joue les gros bras, campe un parfait flic obstiné. L’autre bonne idée du film est d’introduire les personnages avec des séquences nerveuses qui, si elles n'apportent rien au scénario, concourent au rythme de l’ensemble. À l’image du cinéma d’exploitation italien de ces années 70, c’est malin et cela permet aussi de brasser d’autres thématiques qui ont défini les années de plomb.
S’il s’inscrit totalement dans les façons de faire du genre, Le Clan des pourris (ou La Mort en sursis ou Le Cave sort de sa planque) se distingue cependant par certaines de ses pirouettes. Ainsi le générique est plaqué sur un western que regardent les détenus d’une prison, faisant par la même un clin d’œil au western italien, au lieu de se dérouler dans une voiture comme c’est souvent le cas dans le poliziottesco. Une entrée en matière amusante sur une musique aux accents de far-west avant que Bruno Canfora ne déroule ensuite une partition vraiment efficace et plaisante. Hold-up, kidnapping, courses poursuites, bastons, fusillades, dialogues à l’emporte-pièce font ensuite le reste. Henry Silva, en méchant de service, insulte et met à mort des gamins sans sourciller, Thomas Milian n’en fait pas trop dans son rôle de « Poubelle », le truand au grand cœur, et les seconds rôles, surtout chez les truands, sont plutôt convaincants.
Si elle est linéaire et totalement banale, l’histoire a pour elle d’être bien racontée et, surtout, avec clarté, ce qui n’est pas toujours la qualité première du genre. Umberto Lenzi fait le job et, comme toujours, s’il ne fait pas le genre, il contribue à en faire sa renommée. Avec La Rançon de la peur et Brigade spéciale, il s’agit certainement d’une de ses meilleures contributions au poliziottesco. Le résultat n’est pas renversant mais se suit très agréablement comme un bon petit divertissement.