Le Cercle Rouge est un film qui a particulièrement mal vieilli, ce qui fait ressortir ses défauts.
Les dialogues, d'abord, sont si mal écrit qu'ils font perdre aux personnages le peu de charisme qu'ils ont. Certaines phrases sont vides de sens et les acteurs dirigés froidement semblent dénués d'émotion. La dernière scène du personnage d'Yves Montand le prouve : il se fait tirer dessus de façon assez banale et lâche une ultime punchline, dénuée de toute poésie et de toute transcendance "ah les flics vous avez toujours été cons".
Le rythme est lui aussi très mal maîtrisé, on s'ennuie pendant la première heure qui n'apporte rien, ne fait rien avancer, ne nous explique pas pourquoi Delon était en prison, pourquoi Vogel s'est fait attrapé. L'intrigue commence véritablement avec la préparation du casse, mais on a déjà eu le temps de s'ennuyer.
Le casse, en revanche, relève du grand cinéma. Celui qui nous fait vibrer avec une mise en scène subtile, celui qui se passe de dialogues (aussi mauvais soient-ils), qui nous tient en haleine, comme ce moment où certaines alarmes mettent plus de temps à s'éteindre ou qui nous surprend, à l'instar d'Yves Montand qui prend son fusil dans les mains au lieu d'utiliser le pied. Melville nous offre avec cette scène ving-cinq minutes de suspens et de maîtrise cinématrographique. Dommage qu'elle soit perdue au milieu de tant de maladresses.