S’il y a bien une qualité chez Jean-Pierre Melville, c’est cette incroyable capacité à raconter une histoire. Malgré une filmographie relativement courte, le réalisateur parisien a su devenir un grand nom du cinéma français avec des films tels que L'Armée des ombres, Le Samouraï ou encore Le Cercle rouge qui sera sa plus belle réussite au box-office avec près de 5 millions d’entrées sur le territoire.
Tout commence par la fuite d’un prisonnier, dénommé Vogel, qui parvient à fausser compagnie à son escorte, le commissaire Mattei. Poursuivi par une pléthore de gendarmes et policiers, le fugitif parvient à leur échapper en se cachant dans le coffre d’une voiture. Une voiture qui appartient à un certain Corey, un truand fraichement libéré de prison. La rencontre entre les deux hommes aura lieu quelques instants plus tard, à l’abri des forces de l’ordre. Un climat de confiance et d’amitié s’établit entre eux. Tuyauté par un gardien lors de son séjour en prison, Corey décide d’organiser le casse d’une bijouterie place Vendôme et met Vogel au parfum. Ce dernier a également un contact parfait pour être le troisième homme de l’affaire. Il s’agit de Jansen, un ancien flic dont les talents de tireur seront nécessaires pour mener à bien le casse. Malheureusement pour eux, le commissaire Mattei est toujours sur les traces de Vogel. Et ce fin limier de la police judiciaire n’est pas du genre à lâcher prise.
Le Cercle rouge est un film d’homme. Peu de films relèguent aussi fortement les femmes en second plan. Les hommes, abandonnés des femmes, ne gardent d’elles, au mieux, qu’une photo. Dans le cercle qui semble de plus en plus être tracé avec le sang, pas de place pour une figure féminine. La solitude reste l’un des thèmes les plus récurrents du cinéma de Melville.
La frontière entre truands et policiers est mince. Ex-flic devenu gangster, code vestimentaire identique avec ces longs manteaux et ces chapeaux, gardien de prison qui organise un braquage, Melville brouille les cartes. Même le commissaire Mattei, aux « états de service irréprochables », n’hésite pas à faire arrêter un adolescent à la sortie de son Lycée et de monter une fausse affaire de détention de stupéfiant afin de s’adjoindre les services d’un futur indic.
Melville s’entoure d’un casting de premier choix pour son film. D’une part avec le trio de malfaiteur, composé d’Alain Delon, un ancien taulard qui n’a plus grand-chose à perdre, de Gian Maria Volonte, un criminel en fuite recherché par la police, et d’Yves Montand, un ancien policier, tireur d’élite, qui tente de se refaire une santé, au propre comme au figuré. Et puis il y a Bourvil. Exit le Bourvil que l’on connait tous, le comique avec son sourire un peu benêt, son air malicieux et ses fantastiques éclats de rires. Dans Le Cercle rouge, l’acteur est méconnaissable dans ce rôle du commissaire Mattei, opiniâtre, manipulateur et très efficace de surcroît. On est loin de son image habituelle de gentil benêt. Ce sera l’ultime round pour l’acteur qui tournera avec Le Cercle rouge son dernier film.
Avec un scénario très bien ficelé, des acteurs charismatiques et une mise en scène parfaitement orchestrée, ce polar noir est sans aucun doute une pépite de notre cinéma.