Le Cercle rouge en un mot : élégance.
Élégance des personnages. Aucun gangster n’a eu autant de classe et de charisme que dans ce film. Aussi bien dans le style vestimentaire que dans le comportement.
Élégance du style Melville. Un style épuré dans la mise en scène, l’action et les dialogues. C’est simple, je considère que les italiens avaient Sergio Leone et que nous avions Jean-Pierre Melville.
Élégance dans le casting :
- Alain Delon : un charisme égal à celui qu'il avait déjà dans Le Samouraï (toujours chez Melville).
- Gian Maria Volonté : le seul de la bande à avoir travaillé sous la direction de Melville et de Leone (dans le film ...Et pour quelques dollars de plus).
- Yves Montant : une pointure du cinéma français et peut être le rôle le plus intéressant du film.
- André Bourvil : une facette d'acteur qu'on ne lui connaissait pas.
Élégance dans la construction de la trame. Le film enchaîne les situations captivantes avec une fluidité déconcertante. Aucun des 4 personnages principaux n’est oublié.
La scène clé du film restant le cambriolage de la bijouterie. Le choix étant de ne pas faire de coupe. On suit l’action sans en rater une miette. Pour ceux qui veulent du brutal et de la violence, ils ne l’obtiendront pas dans cette séquence. Ici, la discrétion et l’esthétisme dans l’action sont de mise. Chaque mouvement est millimétré, la partition est connue sur le bout des doigts. Un moment d’une intensité folle.
En bref, comme Sergio Leone, Jean-Pierre Melville a participé à l’évolution du cinéma. Un cinéma loin de l’âge d’or hollywoodien. Trêve de bavardages, point de violence masquée, ici le produit est pur, réaliste et va à l’essentiel.
Un Jean-Pierre Melville à l’apogée de son talent fin 1960 et début 1970 qui est malheureusement partit trop tôt, 3 ans après Le Cercle Rouge et 1 an après Un flic, à l’âge de 56 ans. Mais ses œuvres subsisteront.
Philippe Labro (journaliste et écrivain français) : "Est melvillien ce qui se conte dans la nuit, dans le bleu de la nuit, entre hommes de loi et hommes du désordre, à coups de regards et de gestes, de trahisons et d'amitiés données sans paroles, dans un luxe glacé qui n'exclut pas la tendresse, ou dans un anonymat grisâtre qui ne rejette pas la poésie. [...] Est melvillien ce qui traduit la solitude, la violence, le mystère, la passion du risque et l'âpre goût de l'imprévisible et de l'inéluctable, ce qui met aux prises des hommes enfoncés dans leurs manies, prisonniers de leurs obsessions et serviteurs de leurs codes. Derrière l'apparente convention d'une histoire dite policière, l'auteur s'est livré tout entier, avec ses fantasmes et ses rêves, ses goûts et ses nostalgies, sa pudeur, ses déchirements".