Voici un film d’animation bien inspiré et des plus réjouissants. En calquant son récit sur une vieille légende des Shetland, « Le chant de la mer » ressuscite la tradition, empreinte d’identité d’un peuple, sans pour autant prôner un passéisme malsain. C’est là tout l’enjeu du film et c’est fort bien réussi. Le résultat étant aussi convaincant que le tout récent « Le garçon et le monde » au thème similaire. Tomm Moore apportant cependant plus d’onirisme, de poésie et surtout délaissant les dogmes altermondialistes par trop caricaturaux du film brésilien.


Ben et Maïna sont élevés par leur père, la mère est décédée en couche six ans plutôt. Nous sommes en 1987, Ben découvre que sa petite sœur Maïna est une « selkie », créature aquatique féérique capable de réveiller les êtres magiques figés dans la pierre par un maléfice. Commence alors un parcours initiatique contre la montre qui portera les deux enfants à la connaissance d’un univers dont le savoir et les perceptions sont indispensables à l’équilibre du pays… Le graphisme au niveau du décor est particulièrement soigné, tout en rondeurs et en spirales rappelant le nautilus, mais aussi par ses camaïeux tantôt chatoyants, tantôt ténébreux.


Il fait également la part belle aux personnages, humains ou chimériques, chacune de leur expression est bien ciblée en quelques traits simples, entre féérie et émotions. Rien à l’écran n’est laissé au hasard, et comme pour certaines toiles des grands maîtres de la peinture primitive, une multitude de détails secondaires accompagnent chaque scène et marque subtilement le contexte (ici ou là quelques familles d’animaux paisibles dans leur gîte accentuant l’idée l’absence de la mère, une machine à laver abandonnée situant l’époque…).


Tout le film dégage une véritable harmonie aussi bien visuelle qu’acoustique, grâce notamment à la très belle partition de Bruno Coulais et des dialogues sensibles. Cette coproduction européenne regroupe pas moins de cinq pays très éloignés au niveau culturel, on ne peut que penser alors qu’en plus de la grande qualité artistique de ce long métrage, il y a toutes les raisons d’être admiratif devant « Le chant de la mer ».

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le 12 déc. 2014

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Fritz Langueur

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