Brillant & Médiocre Sont Dans Un Sous-Marin

5 sur 10 comme 50/50, comme mi-figue, mi-raisin, comme 5 raisons d'aller voir le film et 5 autres de ne pas le faire.
Dans l'équipe du Oui, il y a le début du film, véritable concentré d'excellence. Tout y est, c'est tendu, chirurgical, haletant, spectaculaire et je pense malgré tout suffisant pour payer sa place. Il aurait d'ailleurs fallu que ce soit la trame de tout le film, que ce début soit en fait le dénouement d'une sombre et compliquée histoire de lutte d'influence géopolitique, souterraine et secrète, de celles qui ne font pas la une des journaux. Il y a aussi l'approche résolument acoustique qui est extrêmement réussie avec les oreilles d'or de la Marine Nationale en vedette, ces surdoués de l'audition avec lesquels on stresse et on tend l'oreille tout au long du film (je pense aussi que cet aspect mérite le détour, car la qualité sonore sur petit écran risque de ne pas créer les mêmes effets). Enfin, ce n'est pas tous les jours qu'on peut observer de la sorte un univers qui reste tout même fascinant et étrange pour le commun de mortels.
Dans l'équipe du Non, il y a la grosseur démentes des ficelles scénaristiques: en exemple non-spoiler, pour une raison de scénario hyper lourdingue, voilà la petite copine néerlandaise qui partage un joint de cannabis avec l'oreille d'or... vraiment?!? Il y a aussi les dialogues qui sont mauvais ou très mauvais, de ceux qui font parcourir un frisson d'embarras le long de l'échine (écoutez-bien la ligne de l'Amiral - Mathieu Kassovitz sur les poulpes, aïe, aïe, aïe , pauvres d'eux et pauvres de nous...). Omar Sy en énorme erreur de casting qui, à chaque apparition, fait basculer le film en mode sketch tellement son répertoire est pauvre. Mais le pire reste la touche fin-du-mondiste. Le ressort est tellement grossier qu'au moment de l'alerte générale, dans le dernier 1/3 du film, j'ai cru que je n'avais pas bien compris ce qui se passait (si, si, j'avais bien compris, plus manichéen que ça aurait été insultant). A partir de là, ça devient franchement très indigeste, on commence à penser à sa liste de course, on remarque que Chaussette, l'oreille d'or, a toujours la lèvre inférieure gercée, bref, seul le fait d'être épargné par un total Happy End fait qu'on ne sort pas de la séance carrément fâché.
Enfin, même si je ne m'attendais pas à voir pléthore de personnages féminins, vu le traitement qui leur est fait ç'aurait été tout aussi bien de ne pas en avoir du tout. En tout et pour tout il y 2 femmes qui parlent dans le film, une qui roucoule, fume des joints et fait l'amour avec l'oreille d'or (une femme comme tentatrice, quelle originalité!), l'autre qui fait remarquer à l'Amiral que l'oreille d'or est présent dans la salle (pourquoi? on ne sait, peut-être qu'il y quand même un quota femmes qui parlent dans les films en 2019?). Cela dit, introduire des femmes intéressantes eut demandé finesse et subtilité, qualités qui font déjà défaut dans le traitement des personnages masculins donc... CQFD.
A vous de voir et d'écouter, si le coeur vous en dit.
Amitiés,
Dustinette

Dustinette
5
Écrit par

Créée

le 24 févr. 2019

Critique lue 8K fois

47 j'aime

10 commentaires

Dustinette

Écrit par

Critique lue 8K fois

47
10

D'autres avis sur Le Chant du loup

Le Chant du loup
Behind_the_Mask
9

Sonar et la manière

Le Chant du Loup est une sorte d'OVNI. Un OVNI dans le panorama français de la production cinématographique moderne. Car l'oeuvre a tout du projet casse-gueule prêt à s'écrouler sous le poids de ce...

le 21 févr. 2019

177 j'aime

31

Le Chant du loup
PaulPnlt
4

Lutter, vaincre ou mourir

Déjà auteur de la bande-dessinée "Quai d'Orsay" et co-scénariste de son adaptation cinématographique, Antonin Baudry se lance dans le cinéma avec un projet d'une ambition démesurée. En effet,...

le 18 févr. 2019

73 j'aime

14

Le Chant du loup
Electron
8

La guerre acoustique

La France n’est plus en guerre sur son sol depuis plusieurs décennies. Mais le souvenir des deux guerres mondiales reste vif et toutes sortes de menaces potentielles sont prises au sérieux par nos...

le 23 févr. 2019

50 j'aime

Du même critique

Un divan à Tunis
Dustinette
2

Surtout...NE PAS S'ASSEOIR!

C'est Golshifteh Farahni qui dans "Quotidien" avait titillé mon intérêt pour ce film, dont le sujet me paraissait charmant et prometteur. Vibrante, solaire et volubile dans son habit promotionnel...

le 22 févr. 2020

7 j'aime

7

À couteaux tirés
Dustinette
3

En Epingles Monté

Je suis tombée dans le panneau de l'affiche Cluedo et du casting vintage chic. Pourquoi? Parce que je suis une femme stupide. C'est quand la dernière fois que je suis sortie d'une salle obscure sans...

le 3 déc. 2019

6 j'aime

5

Hierro
Dustinette
8

Intrigues & Sable Noir

Hierro prodigue les mêmes effets réjouissants que les séries scandinaves et étrangères à l'époque de leur émergence, après des années et des années de quasi-hégémonie anglo-saxonne. J'ai ressenti le...

le 2 déc. 2019

5 j'aime