En 1992, Dona Tartt a subjugué le monde littéraire avec son premier roman, Le maître des illusions. 20 ans et deux livres plus tard, Le chardonneret confirmait le talent de cette auteure aussi rare que capable de nous plonger dans des fictions virtuoses et érudites, remplies d'émotion. L'adaptation de ce drôle d'oiseau relevait a priori de la mission impossible (le roman compte plus de 1000 pages) et si l'on retrouve dans le film la trame générale, elle est devenue une sorte de bouillie narrative, pour cause de raccourcis elliptiques et d'enchevêtrements de temporalités guère probants. Pour être honnête, on s'ennuie un peu dans cette histoire entre enfance et âge adulte et entre Amérique et Europe. Tout simplement parce que les enjeux autour de l'hypothèse d'un tableau volé ne sont que maladroitement définis avec parmi les sujets traités le deuil, la culpabilité, les traumatismes d'enfance, le monde de l'art, etc. Il fallait sans doute être plus courageux dans l'écriture du scénario et s'en tenir à l'essentiel à savoir la perte d'une mère adorée dès le plus jeune âge et les conséquences qui en résultent à mesure que le temps passe. Le cinéaste irlandais John Crowley, qui avait pourtant signé le très romanesque Brooklyn, a cette fois perdu son fluide ou plus exactement a surchargé la barque en oubliant de mettre des ingrédients susceptibles de nous passionner et de nous toucher. L'interprétation générale, tout juste correcte, n'arrive pas à rehausser le niveau avec notamment un Ansel Elgort qui manque singulièrement de charisme. Quant au dénouement du film, quand celui-ci se met à revêtit les habits du thriller, il n'est pas seulement peu crédible, il se révèle presque grotesque.