Bon bah voilà. Tout est dit. Faire un film et voir un film devrait être aussi simple que cela. On prend quelqu'un qui a un vrai vécu – Joann Sfar – on l'associe avec un gars qui aime explorer les univers visuels et intellectuels un peu en décalage – Antoine Delesvaux – et on les laisse juste s'exprimer, pour qu'on puisse écouter ce qu'ils ont à dire. Pour moi, "le chat du rabbin", c'est ça. C'est un film où on ne se demande pas ce qu'on doit dire et ce dont on va bien pouvoir parler : on parle, sans se poser de question sinon celles que suscitent les propres paroles qu'on vient d'exprimer. Ainsi on a une œuvre vraie, une œuvre vivante, parce que justement elle n'est pas édulcorée. Ainsi on parle de colonisation, de religions, d'Arabes et de Juifs en même temps que de pogroms, le tout dans la joie et dans la bonne humeur avec des personnages vifs, percutants et diablement pertinents. Ainsi, au-delà d'une vaseuse apologie de la tolérance culturelle ou de l'oecuménisme religieux, le "Chat du rabbin" parvient à faire un portrait de l’humain, dans ses lacunes et dans ses forces, assez vraie et jamais bête. Alors c'est sûr, cela reste malgré tout un spectacle exigent qui n'est pas forcément accessible à tous. Mais pour qui possède un minimum de culture sur l'Histoire et les religions, ce film est une véritable bouffée d'air frais tant il s'émancipe des discours tout fait et tant il sait se faire subtil et malicieux. En tout cas, pour moi, ce film fait incontestablement partie des perles de cette année...