On a tous besoin d'un Perrito. Et de faire la paix avec notre Lobo personnel. Autant le dire tout de suite : ce Chat Potté 2 est bien plus intelligent et philosophique (si si) qu'il n'y paraît. Le héros de notre enfance a grandi avec nous, et le voici soumis à la crise de la "Neuvième" (sa neuvième et ultime vie, mise d'emblée en danger par la Mort - stylisée sous forme d'un Loup aux faucilles tranchantes - qui est partout, à chaque souffle, à chaque seconde qui passe... Magnifique et mélancolique allégorie), son seul espoir : trouver une étoile de cristal capable de lui redonner ses vies précédentes. Mais non content d'avoir plusieurs épreuves à passer pour atteindre la fin de sa quête, voilà qu'il est traqué par une famille d'ours (et Boucle d'Or), par un méchant grassouillet et sa clique de boulangers, et la Mort (ce loup ultra classe et effrayant). Rien que ça. Cette démesure d'antagonistes nous a un peu perdu (subjectivement, on trouve que le méchant libidineux est de trop), mais l'ensemble nous a tant emporté qu'on l'oublie vite. Chaque autre personnage a un message puissant à nous faire passer, et on l'écoute avec envie. Le Chat Potté nous renvoie évidemment à la peur fondamentale du temps qui passe (avec de vraies crises d'angoisses montrées, on en a eu le cœur pincé), Kitty craint d'être blessée émotionnellement et se refuse à prendre n'importe quelle main tendue, Boucle d'Or a toutes les peurs et les envies d'un enfant adopté, et alors Perrito... Ce petit chien est un rayon de soleil ambiant, une douceur et une bienveillance à laquelle on pensait ne plus pouvoir croire dans une grosse production. Son histoire épouvantable (déclamée dans la plus grande insouciance...mais n'est-ce pas pire ? On aurait pu accuser les violons de nous avoir fait pleurer, ici, on ne s'y trompera pas) est joliment opposée à sa façon de voir la vie toujours du bon côté, du point de vue de celui qui profite plutôt que de celui qui panique, de celui qui accepte le pire comme le meilleur... Il nous aura fait respirer un bon coup, réfléchir à ce que bien des spectateurs entrent dans la salle en étant plus proches du Chat Potté (on plaide coupable) et en ressortent avec un peu de Perrito dans le cœur. Ajoutez à cette si belle philosophie, pêle-mêle : un doublage qui a la gnaque (Antonio Banderas s'éclate jusque dans les couplets de sa chanson, Salma Hayek joue toujours bien de son petit accent qui nous fait fondre, Harvey Guillén - Guillermo de What We Do In The Shadows, si vous cherchiez où vous aviez entendu cette voix atypique - apporte son calme et sa bonhommie, Wagner Moura et sa voix d'outre-tombe nous fait frémir, et entendre Florence Pugh et Olivia Colman se répondre nous prouve le bon goût du directeur de casting), un design somptueux lors des combats (avec un rythme saccadé qui augmente l'effet de rapidité), une musique soignée, des méchants qui (à part le boulanger) ont beaucoup à nous dire (le Loup) et sont attachants (la famille de Boucle d'Or). Pour les plus jeunes, c'est la bonne dose d'aventures fun avec un héros qu'ils maitrisent jusqu'au bout des griffes (la sortie en famille plus que recommandée), et pour les adultes, c'est totalement l'inverse : la redécouverte d'un héros finalement pas si infaillible, qui nous tend un miroir au ras des moustaches, pour faire le point. Pas de panique, Perrito est là.