Le Chat Potté 2 est une bizarrerie, un ovni improbable, une étrangeté totale.
Non pas que le projet soit particulièrement original dans ses grandes lignes, qu'il s'agisse de ressortir la licence Shrek pour une suite de spin off, ou dans son synopsis assez convenu et attendu.
Ce film est inattendu parce qu'il avait tout pour être ce film élaboré en laboratoire, avec des études de marché, des retours de projections tests ultra calibrés, une absence totale de créativité typiques des années 2020 qui ne donnent pas au cinéma sa période la plus excitante. Du genre qu'on a vu mille fois, surtout chez Dreamworks.
Sauf que... oui bah non.
Le Chat Potté est une petite merveille, qui nous fait respirer, qui nous sauve du marasme, et que vous devriez aller voir si vous aimez l'animation autant que ceux qui l'ont fait.
Puisque j'ai prévu de faire court, je vais vous épargner la critique en détail de tout ce qui m'a plu et me concentrer sur quelques points rapides :
- Le scénario est paradoxalement un point fort et le point faible du film : Le thème principal est brillant (La peur de la mort chez la Légende). Le déroulement se devine malheureusement un peu trop, pour qui a l'habitude de voir des films du genre. Néanmoins pour mes nièces, encore dans la découverte, c'était visiblement parfait. En bref, sans rien révolutionner, l'équipe du film a eu le bon goût de faire une histoire qui se tient d'un bloc, sans trop d'univers étendu à la MCU et en exploitant le personnage intelligemment, en jouant sur ses influences (Zorro en premier lieu, évidemment)
- L'animation est... Mama. Qu'est-ce que c'est bien. Je n'attendais plus ça de Dreamworks. On retourne aux grands heures du studio niveau séquences d'action virtuose (niveau Kung Fu Panda, ça se pose là). Mais même au delà, les décors en mettent plein la vue (sérieux, l'ambiance dans cette auberge sombre, c'est dans mes veines), la DA est à tomber par terre... On sent que Spiderverse est passé par là dans le rendu, l'influence est manifeste mais elle colle terriblement bien ici et ça m'emplis de joie qu'un grand studio puisse laisser une telle liberté à ses équipes au lieu de nous ressortir un énième film à l'esthétique des derniers Pixar, aux persos en pâte à modeler et à l'esthétique "réaliste". Et au delà des choix esthétique, c'est simple ; y a trois idées de mise en scène par plan. C'est parfaitement rythmé, du frénétique qui en met plein la vue au plus touchant qui prend son temps. Mais alors le combat final, je l'ai dégusté comme un bon vin tant c'était savoureux.
- Les personnages sont le coeur des films d'aventures, ça n'y coupe jamais. Et cette suite/spin off réussit le tour de force de taper en plein dans le mille avec presque tous ces protagonistes, même celui qu'on voyait venir comme le side kick insupportable et qui se révèle mieux que ça. Les antagonistes secondaires sont assez inégaux même si franchement amusants, mais alors le vrai méchant... C'est pas un hasard si tout ceux qui vous parlent du film le mettent tant en avant. Le loup est une réussite magistrale. L'équipe est parvenue à rester sur la ligne de crête qui fait les meilleurs vilains d'animation : Effrayant mais pas trop, méchant mais pas gratuitement, et parfaitement intégré au thème du film. En face, le Chat Potté lui même n'a jamais été aussi creusé. Même si son évolution psychologique va assez vite (film de 1h30 oblige), on s'attache vite à ce flambeur pas si serein au fond.
Je finirais en soulignant avec un ricanement la différence de traitement entre la critique et le public, un certain tâcheron d'un certain magasine français déployant même sa vaste curiosité jusqu'à dire "Le chat Potté reste un chat avec l’accent de Zorro. Son destin nous est franchement indifférent". Tout cela est significatif : Pendant que l'animation est un des seuls domaines qui nous livre des chef-d’œuvres de créativité, ceux qui sont infoutus d'en comprendre les codes et la grammaire préfèrent l'ignorer que ça soit dans la critique ou aux oscars.
Qu'importe, même si le cinéma refuse de l'admettre, l'animation le sauve tout de même, à bas bruits médiatiques et dans l'allégresse des spectateurs, trop heureux de troquer un super-héros immortel contre un chat qui vit sa meilleure (dernière) vie.