Le Château ambulant
8
Le Château ambulant

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2004)

Après avoir visité d’immenses châteaux volants, après avoir cherché à réconcilier les Hommes et la nature, après avoir découvert un monde fantastique peuples d’esprits et d’étranges êtres, il est temps d’embarquer dans une dernière et fabuleuse aventure dans l’univers de Miyazaki : Le Château Ambulant.


La patte de Miyazaki est souvent reconnaissable, de par son style, l’imagination débordante dont il fait preuve, et les sujets traités. Malgré tout, impossible d’être accablé par la lassitude, ou de ne pas être surpris par ses films. Près de trente ans après son premier film, Le Château de Cagliostro, et près d’une dizaine de long métrages après, nous voici à la rencontre d’un nouveau château, ambulant cette fois. Comme il était possible de le faire de Nausicaä de la vallée du vent vers Princesse Mononoké, il est tentant de percevoir un héritage entre Le Château dans le ciel et Le Château Ambulant.


Toutefois, malgré deux titres très proches et des similitudes indiscutables en termes de recherche visuelle, cet héritage n’est ni évident ni totalement fondé, bien que perceptible par moments. Car Le Château Ambulant suit la trame générale de la filmographie de Miyazaki, avec les évolutions que cette dernière a connues au fil des films. On retrouve ces architectures et ces ambiances très XIXe siècle, mélangées à des technologies plus modernes et à la présence de mages et de sorcières tout droits sortis d’un conte fantastique. On constate, avec Le Château Ambulant, une nouvelle volonté de Miyazaki de s’aventurer au carrefour des imaginaires, tout en alimentant son film de l’onirisme de plus en plus présent dans ses œuvres précédentes.


Si le fil de l’intrigue nous semble relativement clair au début, et si les éléments et les enjeux sont clairement exposés, Miyazaki s’amuse, ensuite, à gommer les frontières entre l’imaginaire et la réalité, et à estomper les repères temporels. L’héroïne vieillit, puis rajeunit, puis vieillit à nouveau… La logique temporelle s’efface et nous livre à nous mêmes dans cette rêverie spectaculaire et émouvante. Étonnamment, aussi étrange et déconcertant puisse être le déroulé de l’intrigue, nous sommes happés et captivés par ce conte mené tambour battant, d’une grande poésie, venant une nouvelle fois dénoncer la guerre, montrer sa brutalité et sa futilité face à l’immortalité de l’amour. Miyazaki invoque une nouvelle fois son imaginaire et ses « totems » (ici Calcifer et l’épouvantail) pour donner de la substance et de la beauté à son histoire.


L’intrigue du Château Ambulant est aussi décousue que limpide. Toute notion de temps nous échappe, donnant libre cours au film pour nous embarquer dans une superbe histoire sur l’amour, le temps et la guerre. Un film enchanteur, qui arrive à condenser le meilleur du cinéma de Miyazaki, un véritable voyage pour le spectateur, une nouvelle fois accompagné des magnifiques mélodies de Joe Hisaishi, et de Youmi Kimura. Après ce petit cycle dédié à Miyazaki, c’est probablement son film qui m’a le plus touché et impressionné, avec Princesse Mononoké.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Vus en 2019 : Aventures cinéphiles et Les meilleurs films d'Hayao Miyazaki

Créée

le 18 juil. 2019

Critique lue 131 fois

2 j'aime

JKDZ29

Écrit par

Critique lue 131 fois

2

D'autres avis sur Le Château ambulant

Le Château ambulant
SBoisse
9

« Et v’la le feu qui cause ! »

Il était une fois un sorcier qui se refusait à grandir et qui, par générosité, s’était privé de son cœur. Avouons que Le château ambulant n’est pas d’un abord aisé. Ce long métrage tient une place à...

le 20 déc. 2017

78 j'aime

16

Le Château ambulant
villou
8

Un château aux multiples facettes

Je trouve que pour ce film, Miyazaki est allé exactement là où on ne l'attendait pas. Le film est complexe, torturé, parfois incompréhensible, surtout pour des occidentaux. Mais ma première remarque...

le 21 déc. 2010

75 j'aime

3

Le Château ambulant
Fritz_the_Cat
9

Les Malheurs de Sophie

Il faut du temps pour mesurer l'ampleur d'un film comme Le Château ambulant, y compris pour qui est habitué à se perdre dans la filmographie de Miyazaki. Visiblement peu contenté par ses propres...

le 2 nov. 2015

74 j'aime

14

Du même critique

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Alien: Covenant
JKDZ29
7

Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ...

le 10 mai 2017

75 j'aime

17

Burning
JKDZ29
7

De la suggestion naît le doute

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans...

le 19 mai 2018

43 j'aime

5