Peu après avoir été transformée en vieille dame, Sophie (en français c'est mieux) se dit que l'un des avantages de vieillir, c'est de ne plus s'étonner de rien. Là est tout le paradoxe du Château ambulant : avec un foisonnement de symboles, de la chambre d'Hauru aux monstres volants, et avec une intrigue qui perd progressivement de sa logique, Miyazaki nous plonge dans un univers où l'étonnant, le fantastique et l'absurde se mêlent toujours à l'habitude, comme si rien d'autre ne pouvait être plus réel.
Le Château ambulant se rapproche le plus, dans l'univers de Miyazaki, du Voyage de Chihiro, qu'il est proche d'égaler en richesse et qualité. Il en reprend le symbolisme effréné, et des férus du maître pourraient analyser et interpréter chaque image. Le thème principal, caché par le déferlement de pouvoirs magiques et le scénario farfelu, est bien celui du passage à l'âge adulte. Les multiples changements d'âge de Sophie, au gré de ses humeurs et de l'intrigue, sont le reflet de son adolescence, période floue où maturité et folie cherchent pour la première fois un équilibre qui restera instable. Miyazaki y ajoute un thème qui, s'il était déjà là dès les années 1980, deviendra majeur dans sa dernière partie de carrière : les horreurs de la guerre.
A défaut de pleinement s'étonner, il est tout de même impossible de résister à l'émerveillement. C'est esthétiquement l'un des films les plus réussis de Miyazaki, et les images sont accompagnées d'une bande originale inoubliable.