Dans un monde steampunk où règne également la magie, Sophie est une jeune modiste. Un jour, elle est maudite par la terrible sorcière des landes et se retrouve avec l’apparence d’une femme de 80 ans. Elle se réfugie chez le sulfureux magicien Hauru dans son très étrange château ambulant. Là-bas, loin de se laisser abattre, celle qui est devenue mamie Sophie prend les choses en main et apporte la gaieté.
C’est sans doute le meilleur film de Miyazaki. Librement inspiré d’un roman anglais dont il n’a gardé que quelques personnages ainsi que l’ambiance, le château ambulant est une fantastique aventure, romantique en diable et doublée d’une virulente critique contre la guerre. Tout dans ce film est une réussite.
Comme toujours, les images sont irréprochables. Non seulement les décors sont de magnifiques tableaux, mais la richesse des détails (par exemple l’intérieur chaotique du château, en particulier de la chambre d’Hauru) est tout bonnement stupéfiante. Les ambiances de couleurs marquent précisément les thèmes (le rouge sombre pour la guerre, le violet pour la mort, le bleu ciel pour la joie). Le monde est très détaillé, notamment sa technologie steampunk, mais également les costumes. Les personnages aussi sont expressifs, avec des visages caractéristiques qui facilitent leur identification et surtout la lecture de leurs émotions. Enfin, le château (qui n’en ait pas un) est vraiment réussi.
Le scénario est bien planté, avec une progression proportionnée, sa chute humoristique et également l’apprentissage de tous les personnages. Cela ressemblerait un peu à une fable, l’ennui en moins.
Enfin, la galerie de personnages est un pur délice. Dans cette histoire, il n’y a pas de méchants (oui, oui, même la sorcière des landes qui ne fait que désirer Hauru), juste des maladresses et des incompréhensions. La sorcière des landes et Madame Sulmiman représentent les deux extrêmes de l’éducation, du contrôle total à la liberté à outrance. La petite Sophie est touchante de maturité et de sagesse alors qu’Hauru, comme souvent à l’adolescence, n’a pas le courage d’aimer. C’est d’ailleurs une excellente idée d’avoir personnifié son cœur dans le personnage de Calcifer. La conclusion, adorablement romantique, montre qu’aimer quelqu’un, c’est lui faire trouver son propre cœur.
L’humour reste dominant, notamment grâce au personnage de Sophie qui dédramatise chaque situation et chasse l’attitude très solennelle d’Hauru. Cela rend les moments dramatiques d’autant plus forts qu’ils sont rares. Le happy end peut faire sourire, mais c’est la conclusion logique de cette histoire qui, à mon sens, reste une fable. D’ailleurs, il ne faut pas rater le baiser entre Sophie et Hauru (OK, vu de loin) juste avant le générique.
Le château ambulant est un film pacifiste engagé, une fable sur la maturité et une romance irrésistible. Moins violente que Princesse Mononoke, plus accessible que Le voyage de Chihiro, c’est une très grande œuvre de l’inestimable artiste qu’est Hayao Miyazaki. À ne surtout pas rater.