Un bijou du Studio Ghibli
Gamin, l'animation japonaise se résumait aux grands classiques des séries TV, Les Chevaliers du Zodiaque, Olive et Tom et bien sûr l'inoubliable Dragon Ball. J'ai découvert tardivement que les Japonnais savaient faire des long-métrages où l'on ne voit pas le même plan passer 10 fois lors d'un combat. Cette découverte s'est faite, comme pour beaucoup, grâce à un génie de l'animation, Monsieur Hayao Miyazaki. Il s'avère, en plus d'être un excellent dessinateur, un réalisateur hors pair. Preuve en est avec ce Château ambulant, récupéré par Miyazaki en 2003 suite à l'abandon du projet par Mamoru Hosoda. Les plans s’enchaînent sans fausse note et on tombe rapidement béat d'admiration pour cet univers.
Miyazaki, regrettant la très forte publicité autour de son précédent film, le Voyage de Chihiro, décida de ne pas promouvoir le Château ambulant car il désirait "très ardemment que le film soit découvert sans connaissance préliminaire, donc sans préjugé." Pour ma part, j'ai trouvé le Château ambulant plus accompli que le Voyage de Chihiro. La force de ce film, et des films de Miyazaki en général, réside dans sa capacité à émerveiller le spectateur par son histoire, les dessins, les couleurs et bien sûr les personnages.
Les personnages, et plus particulièrement les personnages féminins, ont toujours une grande importance dans les films du Studio Ghibli. Le Château ambulant ne déroge pas à la règle. De mon point de vue, le "personnage" le plus charismatique de ce film est le grand château, fait de bric et de broc, qui avance sous l'impulsion du démon de feu Calcifer. Petite flammèche plutôt attachante qui n'a pas grand chose de démoniaque si ce n'est son nom. Comme souvent, Miyazaki brouille les pistes en ce qui concerne les "méchants". Ici, la terrible sorcière des Landes, responsable de la malédiction de Sophie, s'avère être une vieille dame attachante ayant un très bon sens de l'humour. A l'inverse, Suliman, avec son air inoffensif de mamie parfaite, est l'adversaire de nos héros.
Le film aborde aussi un thème très intéressant, rarement développé, l'importance de l'apparence. Miyazaki développe deux points de vue. Celui de Sophie, qui accepte la vieillesse (précoce dans ce cas) et garde sa sérénité. De l'autre côté, il y a Hauru, très soigné, en apparence sûr de lui, mais qui perd son contrôle lorsqu'il se teint, par mégarde, les cheveux.
Le Château ambulant est une réussite et montre que le maître a su développer son art depuis Le Château de Cagliostro.