On est tous des châteaux ambulants, faits de bric et de broc.
On continue à avancer comme par magie, pour aller on ne sait où, tant que c'est loin de la fatalité, tant qu'il y a cette petite flamme en nous.
On a tous un démon qui nous anime, un pacte secret qui vit en nous et nous donne du pouvoir sur la réalité, une part de feu qui a besoin de ressources à consumer pour continuer à faire avancer notre vieille carcasse.
L'âge nous est tous tombé dessus tout à coup. Hier, encore, on était jeune, mais la vielle sorcière du temps qui passe trop vite nous a jeté un sort.
Elle croyait peut-être qu'on la detesterait pour la cause, mais on l'aime, on la dorlote, on s'occupe d'elle, même si elle se fripe et se délite comme les souvenirs qui nous rendent nostalgiques.
On est tous un enfant derrière notre costume de vieillard qu'on porte pour se donner une contenance ou une illusion de respectabilité.
On est tous des magiciens appelés dans des guerres absurdes que nous refusont de mener.
On se laisse tous submerger par les plumes noires de la colère et de l'angoisse.
On est tous des épouvantails privés de leurs royaumes par une malédiction.
On est tous comme Sophie, Hauru, Marco, Kabu
On a tous un calcifer qui nous fait avancer et une sorcière des landes dont on doit s'occuper.
Et on continue à se battre contre les guerres absurdes, contre les obligations, contre le fardeau du temps qui passe, contre les malédictions qui nous sont jetées à la figure, contre l'absence de ceux qu'on aime, contre les tristesses, contre les folies, et contre nous-même.
On est tous des châteaux ambulants, faits de bric et de broc.
On continue à avancer comme par magie, pour aller on ne sait où, tant que c'est loin de la fatalité, tant qu'il y a cette petite flamme en nous.