C’est avec une pancarte affichant ce nombre que Keichii Hara est monté sur scène à l’occasion de Festival du Film d’Animation d’Annecy. 514 est le nombre d’élèves japonais d'école primaire, collège, ou lycée qui ont mis fin à leurs jours en 2022. C’est donc avec une sincère émotion qui le réalisateur de Colorful présente un nouveau film sur le mal-être adolescent.
Et s’il n’a obtenu aucune récompense lors de la cérémonie, lui est tout de même décerné le Cristal Biche, et ce n’est pas rien, tant il m’a touché.
Au-delà des qualités intrinsèques, j’estime que c’est un film utile et profond dans un univers habilement magique. Un univers où Kokoro ne peut se rendre à l’école à cause de certaines camarades et qui n’a pour échappatoire qu’un château, tenu par une enfant au masque de loup, accessible par son miroir, où elle rencontre malgré elle six autres élèves semblant tout aussi timides.
Si on peut y voir comme une métaphore d’un forum ou d’une guilde de jeux-vidéo, Hara nous invite surtout, à mon sens, à lâcher prise sur l’interprétation-réaliste de l'hikikomori pour accepter les règles magiques de ce château où l’on peut finir manger par un loup.
Si c’est un splendide moment d’évasion, le nombre 514 ne peut que me rester en tête. Un d’émotion qui saura pointer subtilement du doigt le problème de ces connards de profs incompétents, qui croient que forcer un bourreau à rédiger une lettre d’excuse règle tout, et qui saura apporter une touche d’espoir avec cette autre prof investie et cet énigmatique château.
Aimons-nous les uns sur les autres.