On retrouve tous les poncifs visuels, narratifs, sonores, comportementaux d'un film d'animation japonais moyen, ne se distinguant pas du genre pour ce qui est de ces caractéristiques, jusqu'à la musique bien larmoyante qui n'a aucune raison d'être (le sujet est suffisamment fort par lui-même, pas la peine d'en ajouter !).
Une jeune fille tout mimi et renfermée passe d'un coup de son quotidien à un monde parallèle (qu'elle peut pénétrer à travers un miroir... référence à Lewis Carroll quand tu nous tiens !), dans lequel elle va faire des rencontres surprenantes qui vont l'aider à faire face à ses problèmes du quotidien (mais pourquoi pas puisque ça fonctionne en bonne partie, je vais y revenir !). Rien de surprenant pour les habitués.
Voilà, ce n'est pas du tout sur ce que j'ai énuméré ci-dessus que l'ensemble marque des points. Ce n'est pas sur la forme (l'animation fait le boulot, je ne dis pas le contraire, sans se distinguer outre mesure !), ni sur la manière de raconter qu'il faut chercher un intérêt particulier à ce Château solitaire dans le miroir, adaptation d'un roman qui a été adapté en manga avant d'être adapté au cinéma.
Non, là où on trouve de l'intérêt, c'est sur ce qui est raconté, parfois explicitement, parfois nettement moins, le laissant deviner aux spectateurs. Ce qui est principalement raconté est horrible, car il s'agit de harcèlement scolaire et de la douleur que ça engendre chez les victimes. Le monde parallèle est en fait le prétexte à une thérapie de groupe entre des adolescents, à la personnalité différente, d'horizons différents (je n'en dis pas plus pour ne pas divulgâcher !), qui vont apprendre à se connaître, qui vont se rendre compte de leurs similitudes, qui vont se comprendre, parce que la plupart d'entre eux vivent le même calvaire. Ils vont enfin pouvoir s'exprimer. La parole libère et encourage à trouver des gens qui en ont quelque chose à foutre de leur sort et qui vont tout faire pour les aider. Le parti pris du récit n'est pas tant de montrer la violence physique du harcèlement, mais le traumatisme qui en ressort. C'est fort, c'est émouvant, ça se suffit largement pour émouvoir. Dommage qu'il y ait cette fichue musique. De la sobriété, bordel...
Dans le monde parallèle, l'héroïne rencontre, outre une mystérieuse gamine, portant une robe rouge, dissimulant son visage derrière un masque de loup (coucou, référence au Petit Chaperon rouge !), et leur servant de guide, six êtres blessés par la réalité. Et c'est regrettable que tous les caractères, dans ce qu'ils sont, dans les interactions qu'ils ont avec les autres, dans l'évolution de leurs relations (étalées sur plusieurs mois en plus !), ne soient pas tous creusés (je pense notamment à la pianiste à lunettes !), n'ont pas le droit à la même égalité de traitement, en mettant plus en avant untel que l'autre pour x raison.
Bref, le sujet est puissant. Quelques personnages et quelques rebondissements réussis, par leur profondeur implicite, sur le message apporté, sur le courage admirable de parler enfin, justifient la vision de cette œuvre. Mais la réalisation et l'écriture ne sont pas pleinement à la hauteur.