Ce film serait le premier film parlant soviétique (en fait un projet prévu pour le muet et modifié pour inté igrer les nouvelles techniques). D'où sans doute la présence de cartons explicatifs.
C'est une grosse surprise . Le thème (la présence de bandes d'enfants des rues, livrés à eux-mêmes, dans l'URSS des années 20) est traité avec réalisme, et même rudesse. Les raisons de la formation de ces bandes sont bien expliquées, et les problèmes causés (alcool, violence, prostitution...) ne sont pas éludés.
Au delà de ce sujet, le film aborde un thème toujours d'actualité (les enfants des rues aussi, d'ailleurs, dans certains pays) : la prise en charge des jeunes délinquants (ou proches de la délinquance). Il prône la rééducation, la réinsertion, avant la répression.
Très belles images (le réalisateur a bien retenu les leçons des muets soviétiques) et très bonne interprétation : le jeu des interprètes est vif, naturel, bien qu'il s'agisse du premier parlant soviétique. De temps en temps, on entend des chansons (fort belles). Les Russes aiment en effet se mettre à chanter quand ils se réunissent;
J'en viens au point qui peut fâcher : la part de propagande, parfois un peu lourde (textes explicatifs, dédicace à Djerzinsky...). D'après un commentaire, cela viendrait d'une réédition des années 50. Il serait intéressant de revoir le film dans sa forme originelle, sans doute davantage brute de décoffrage.
NB Lors de l'inauguration de la voie ferrée, une fanfare joue l'Internationale. Cet air servait d'hymne national. L'hymne qu'on connaît (et dont la musique -avec d'autres paroles- est utilisée actuellement en Russie) a été composé en 1939 et adopté en 1944 ou 1943). Pour l'anecdote, les textes successifs (il y a plusieurs versions du temps de l'URSS), ont tous été écrits par Sergei Mikhalkov, père des cinéastes Nikita Mikhalkov et Andrei Konchalovsky.