Le Cinéma de papa se termine en 1963, année de la mort du père de Claude Berri, Yves Robert. Hm, il y a un problème. Effectivement, Berri raconte son histoire et se joue lui-même, comme il l’évoque dans un « Cinéma de papa » utopique, un film dans le film qui n’a lieu nulle part en-dehors de l’imagination des personnages, mais Yves Robert ne passe pour son père que par son talent.
Ce sont ces bosquets récursifs qui cachent la forêt de son enfance, pour la reproduction de laquelle on a confiance que Berri est mieux placé que nul autre. Cette enfance plantée dans les premières décennies d’après-guerre comme celle d’un Drucker, l’établissement d’un nom orgueuilleux dans un monde modeste, le Polonais Berri qui brille de tous les feux de la fierté robertienne et de son beau bagou redondant, tout cela, c’est le cœur battant du cinéma de papa rendu impérissable.
À trop radoter, le personnage fait radoter le scénario. Mais disons que c’est le début de la récursivité. Chez Berri, les décors parlent, et leur évolution aussi. Avec toujours des mains bien occupées dont la voix remplit l’air aux alentours de la douce continuité guidant leur métamorphose, on assiste à la naissance anonyme d’un grand nom, dans les règles de l’art et l’art de s’en jouer.
Quoiqu’il faille suivre le rythme au gré des cartons intertitres par grands bonds, il n’y en aura pas de faux (bond) dans les interprétations régulées, modulées autour d’une trame qui est hélas le résultat trop humble de la compression d’une vie. Peut-être suffisait-il de faire un peu plus long.
Quantième Art