Longtemps mon film préféré, cet OFNI désormais culte a pourtant tout du plus scandaleux des nanars : un scénar' à la niaiserie cosmique, un manichéisme d'école primaire, la vision d'un "futur" vaguement cyberpunk pas plausible pour deux sous, des costumes et décors kitch au possible, des personnages caricaturaux à l'extrême à la prestance ridicule...
MAIS il est aussi sauvé par... ces mêmes caractéristiques ! Associées avec un dosage relevant du génie, celles-ci engendrent et renforcent un second degré aussi mordant qu'omniprésent : que ce soient les scientifiques, les militaires, les politiciens, les religieux, les stars, la police, les hommes, les femmes, les aliens, le héros, le méchant... TOUT le monde est tourné en dérision, moqué, (auto-)caricaturé à un niveau qui dépasse la parodie. Décalage que tous les comédiens, Gary Oldman en tête, ont bien senti et rendu dans autant d'excellentes prestations. Et qui vient plus que brillamment justifier un script confondant de naïveté qui devait franchement laisser sceptique sur le papier.
Le tout est habillé par une esthétique exubérante mais très cohérente, fruit du talent d'éminents artistes tels J-P. Gauthier (pour les costumes), Moebius (pour le design des décors et des aliens) et Jean-Claude Mézières (pour le story-board). Et sublimé par la magnifique B.O. d'Eric Serra.
Au final, un mélange parfaitement maîtrisé de substrats nanardesques dont la réussite tient presque de la magie tant il fonctionne. Et tant ces différents substrats individuellement si foireux en finissent par se rehausser entre eux pour donner au film une énergie et une bonne humeur revigorantes, et lui faire atteindre une qualité proche de la perfection. Une oeuvre qui rappelle aussi, à l'instar du plus subversif Starship Troopers, combien la nuance entre gros navet et excellent film peut parfois être infime.