Le cinquième job de Patrick Juvet
On pourrait croire à un documentaire mais c'est bien d'un film dont il est question, avec les bons et les moins bons aspects qui découlent généralement du traitement d'un biopic (ou assimilé), notamment la centralisation sur le personnage et la minoration du travail artistique.
S'il est de ceci une règle, ayant un fond et une forme relativement déséquilibrés, le film n'y déroge pas.
Le fond, c'est la volonté informative qui imprègne le récit. Rendre populaire et accessible l'action de Wikileaks pour sensibiliser le peuple à l'essence du journalisme d'investigation.
Le film fait ainsi un pied de nez aux médias classiques sous influences qui épurent l'information, y opposant la fameuse organisation avec sa plateforme de dépôt, transformant les fuites en véritables bombes interplanétaires sans coupure, montage ni même de morcèlement. L'information brute et rien d'autre, entière, originelle, quelles qu'en soient les répercussions.
Tout spectateur-citoyen sera séduit par cette idée de transparence et d'"hyper-information" qui met sur un même pied d'égalité les oligarques et les gens de la rue mal renseignés.
La forme, c'est la mise en scène et les choix d'une production qui embauche un acteur principal pour le costume de Julian Assange, qui fait davantage penser à Patrick Juvet.
On cherche les femmes, mais rien ne vient, puisque le film fait de ce génie-créateur un véritable loup solitaire. S'il oeuvre pour l'intérêt communautaire, l'écriture, relativement critique sur sa personnalité, montre qu'il profite de ses collaborateurs pour se mettre seul sous le feu des projecteurs.
On pourra se demander si Assange a bien donner son accord pour l'exploitation de son image et lu le script avant d'encaisser le chèque, tout comme on pourra s'interroger sur la véracité de certaines séquences qui paraissent ultra romancées.
Il y a certes de vraies images incorporées au film qui rapprochent assez bien la fiction de la réalité, mais les rôles dénués de magnétisme laissent douter.
La camera cabotine avec des cadrages à l'emporte pièce et des passages d'un personnage à l'autre sans coupure, tentant de traduire l'urgence de l'action et la vitesse du flux d'information, mais c'est effet finit par scalper la profondeur du scénario.
- Le cinquième pouvoir - a en définitive des atouts, mais le script manque de cachet, manque de recul et d'application quant au sujet lui-même, manque de cette petite touche futile et presque impalpable qui en aurait fait un film retentissant.