On pourrait croire à un documentaire mais c'est bien d'un film dont il est question, avec les bons et les moins bons aspects qui découlent généralement du traitement d'un biopic (ou assimilé), notamment la centralisation sur le personnage et la minoration du travail artistique.
S'il est de ceci une règle, ayant un fond et une forme relativement déséquilibrés, le film n'y déroge pas.

Le fond, c'est la volonté informative qui imprègne le récit. Rendre populaire et accessible l'action de Wikileaks pour sensibiliser le peuple à l'essence du journalisme d'investigation.
Le film fait ainsi un pied de nez aux médias classiques sous influences qui épurent l'information, y opposant la fameuse organisation avec sa plateforme de dépôt, transformant les fuites en véritables bombes interplanétaires sans coupure, montage ni même de morcèlement. L'information brute et rien d'autre, entière, originelle, quelles qu'en soient les répercussions.
Tout spectateur-citoyen sera séduit par cette idée de transparence et d'"hyper-information" qui met sur un même pied d'égalité les oligarques et les gens de la rue mal renseignés.

La forme, c'est la mise en scène et les choix d'une production qui embauche un acteur principal pour le costume de Julian Assange, qui fait davantage penser à Patrick Juvet.
On cherche les femmes, mais rien ne vient, puisque le film fait de ce génie-créateur un véritable loup solitaire. S'il oeuvre pour l'intérêt communautaire, l'écriture, relativement critique sur sa personnalité, montre qu'il profite de ses collaborateurs pour se mettre seul sous le feu des projecteurs.
On pourra se demander si Assange a bien donner son accord pour l'exploitation de son image et lu le script avant d'encaisser le chèque, tout comme on pourra s'interroger sur la véracité de certaines séquences qui paraissent ultra romancées.
Il y a certes de vraies images incorporées au film qui rapprochent assez bien la fiction de la réalité, mais les rôles dénués de magnétisme laissent douter.
La camera cabotine avec des cadrages à l'emporte pièce et des passages d'un personnage à l'autre sans coupure, tentant de traduire l'urgence de l'action et la vitesse du flux d'information, mais c'est effet finit par scalper la profondeur du scénario.

- Le cinquième pouvoir - a en définitive des atouts, mais le script manque de cachet, manque de recul et d'application quant au sujet lui-même, manque de cette petite touche futile et presque impalpable qui en aurait fait un film retentissant.
FPBdL
6
Écrit par

Créée

le 16 mai 2014

Critique lue 813 fois

7 j'aime

2 commentaires

FPBdL

Écrit par

Critique lue 813 fois

7
2

D'autres avis sur Le Cinquième Pouvoir

Le Cinquième Pouvoir
FPBdL
6

Le cinquième job de Patrick Juvet

On pourrait croire à un documentaire mais c'est bien d'un film dont il est question, avec les bons et les moins bons aspects qui découlent généralement du traitement d'un biopic (ou assimilé),...

le 16 mai 2014

7 j'aime

2

Le Cinquième Pouvoir
LLectrice
5

Critique de Le Cinquième Pouvoir par LLectrice

Affiche grisâtre évoquant un univers futuriste à la Minority report, montage épileptique, grands mouvements de caméra à l'épaule et musique techno à fond la caisse, voilà 'Le Cinquième pouvoir' qui...

le 9 déc. 2013

7 j'aime

Le Cinquième Pouvoir
blig
2

La cinquième roue du carrosse

Le sujet aurait mérité un meilleur traitement. La première partie, très longue, clichée, digne d'un reportage d'Envoyé Spécial, tente de nous faire vivre l'aventure Wikileaks de l'intérieur et nous...

Par

le 6 déc. 2013

6 j'aime

Du même critique

Alien - Le 8ème Passager
FPBdL
9

Maman nous a fait faire une grosse connerie !

- Alien : le 8ème passager -, premier volet de la plus terrible saga de Science-fiction de tous les temps, le seul Ripley Scott Film d'ailleurs avant que se succèdent James Cameron, David Fincher, et...

le 19 mars 2014

70 j'aime

5

Valse avec Bachir
FPBdL
10

J'aime pas les claques, mais pour le coup j'en reprendrais bien un peu...

- Valse avec Bachir - m'est tombé dessus sans crier gare et m'a bien secoué. Il m'a littéralement baffé et rebaffé, et les traces sur ma joue resteront je pense un bon moment. J'appuie sur Play, sans...

le 12 janv. 2014

58 j'aime

5

Le Tombeau des lucioles
FPBdL
8

Gamine, retourne dans ta poubelle !

Comme Clint Eastwood le fera plus tard avec - Lettres d'Iwo Jima - et peut être s'en est-il inspiré, - Le Tombeau des Lucioles - montre la seconde guerre côté japonnais. On a affaire à un...

le 16 janv. 2014

50 j'aime

5