Unique film du cycle des vampires de la Hammer a traité du comte Mitterhaus (le personnage ayant été imaginé par le studio de production) Vampire Circus domine comme l'un des derniers films du genre produit par un studio en crise dont l'irrémédiable déclin qualitatif et populaire a amorcé la chute. Sans vraiment se renouveler dans le genre et sans vraiment porter une attente considérable sur ses épaules Vampire Circus, du britannique Robert Young, s'avère en réalité être une très bonne surprise. Doté d'une ambiance très particulière et d'un scénario plutôt surprenant, Le cirque des vampires (en vf) ne cesse de faire étalage de ses nombreuses qualités.
Pour avoir assassiné un comte vampire très puissant, un petit village d'Europe centrale voit s'abattre le fléau de la rage ainsi que la visite d'un cirque ambulant. Deux fléaux mais deux causes différentes : l'une est affiliée à l'époque, et dans ce sens le film est crédible. L'ambiance mortuaire et désolée du village fait véritablement froid dans le dos, autour des médecins qui s'affairent à trouver un remède s'exécute une gestion macabre des corps inanimés.
La deuxième porte le sceau du comte décédé et de la malédiction qu'il a jeté au dernier souffle de sa vie. Un appel à l'aide qui mettra 15 ans à s'opérer afin de le ressusciter par le sang des enfants de ceux qui ont causé sa perte. Un scénario qui fait penser à d'autres, notamment à la momie, mais Young, dans son entreprise évidente d'approfondir le film de vampire, la joue différemment et mêle existentialisme et vampirisme. Car à travers la vengeance du comte Mitterhaus s'inscrit une volonté de se faire justice via la filiation et non par le sang directement concerné. On devine ici et là la réflexion manifeste d'interroger sur les responsabilités parentales et les conséquences générationnelles. L'idée du cirque ambulant va dans ce sens et offre un nouveau paradoxe qui tranche avec l'aspect souvent rigide et habituel des films de vampires. Young s'amuse du spectacle à la fois glauque et rigolard de cette bande de saltimbanques à l'apparence trompeuse. Les idées visuelles fusent, les images marquantes s'installent, le climat met clairement mal à l'aise et ose tout : meurtre d'animaux, érotisme, assassinat d'enfants, Vampire Circus n'a aucun tabous. Et on aime ça.
Décomplexé, perturbant, intelligent, original, ce premier film du cinéaste n'est pas avare en mérites et propose un film d'horreur de très bonne facture. On se désolera de la faillite financière de la Hammer qui, en proposant davantage d’œuvres de cette trempe, aurait sûrement évité de perdre tout son sang.