L'adaptation est fidèle, dans les grandes lignes, à l'oeuvre de Balzac, et les quelques éléments mélodramatiques complaisamment glissés dans le récit ne la détourne pas fondamentalement du roman éponyme. Pourtant, la mise en scène de René le Hénaff est d'une rare médiocrité, mais d'un bel effet soporifique...
Incapable de restituer les méandres administratifs sournois qu'affronte Chabert chez Balzac, et qui y tiennent une place et un intérêt importants, incapable de transposer leur personnalité aux seconds rôles, pas plus qu'il ne sait recomposer les moeurs et l'esprit (sinon par les costumes) de l'époque, Le Hénaff impose une vision commune et étriquée de l'histoire du colonel Chabert.
La seule ambition du réalisateur semble de mettre en scène Raimu en insistant sur la présence fantomatique de Chabert le revenant. Raimu, qui n'a pas précisément le profil qu'on imagine à Chabert, la joue taciturne et d'une grande sobriété, presque mystique. Mais ce rôle de mari de retour d'entre les morts, trompé, spolié, humilié, ne provoque aucune émotion, trop convenu et asservi à la personnalité de son interprète.