Académique. Ce peut être la définition de ce film soigné, sobre, mais sans intensité dramatique. Eloignés de toute forme d'actualité, le film d'Yves Angelo et l'histoire du colonel Chabert forment un ensemble romanesque devenu rare (en 1994) et pour cette raison, on le trouvera somme toute agréable.
Chabert le revenant symbolise ce régime napoléonien naguère puissant mais qui, quelques années après sa chute et le retour de la monarchie, est déjà enterré, sinon oublié. C'est peut-être le sens profond que Balzac a voulu donner à son oeuvre. Cependant, le rôle-titre, tel que le met en scène Angelo, semble insuffisant. Chabert-Depardieu exprime peu de chose hormis la fidélité, la fierté de son nom et, différemment, ces images de charniers et de mort qui le hantent. Son retour à Paris, après des années où il a été tenu pour mort, entame une querelle juridique avec sa femme remariée. Face à cette parvenue ingrate (une cocotte aujourd'hui comtesse qui au contraire de Chabert a tout fait pour cacher son nom), le soldat miséreux et déchu est prêt à sacrifier ses biens à l'honneur de son nom.
A l'image d'une mise en scène qui manque parfois de relief (et bien qu'on sache gré au réalisateur de respecter la longueur des scènes et les silences des personnages, de respecter l'oeuvre en somme sans céder au spectaculaire), l'interprétation bourrue et douloureuse de Chabert par Depardieu parait manquer de sensibilité, de la véritable émotion intérieure qui est celle du colonel. Fanny Ardant et Fabrice Luchini -dans le rôle du notaire avisé Derville- font une composition sans doute plus subtile.