Lorsque l'on parle du Comte de Monte Cristo, on pense au destin injuste de ce jeune marin qui le pousse à mettre à l'œuvre une vengeance patiente, insidieuse, fine et implacable.

En sortant de ce film, on se rend compte qu'on a assisté à une vengeance dans sa version la plus populaire, où les principaux ennemis du Comte meurent par la lame, loin des plans machiavéliques de torture morale du livre, qui les mène à la démence ou au suicide, sans action ou confrontation héroïque.

Tout le charme du livre est alors perdu, les machinations qui jouent sur les émotions humaines, les pêchés passés, les remords, la honte, les trahisons, tout est effacé pour laisser place à des personnages soit méchants soit gentils, sans nuances de gris.

En parlant du respect des personnages, le film prend des libertés folles sur les rôles et leurs interactions. Ainsi, n'existe pas Maximilien Morrel et son amour pour Valentine, remplacés par un amour entre...Haydée et Albert de Morcef...rien à voir donc.

Le film nous fait par ailleurs miroiter la survie d'un amour entre le Comte et Mercedes ("Attendre et Espérer"), alors la vengeance du Comte originelle envers Mercedes consiste en ce qu'elle finisse ses jours à se repentir alors qu'il disparaît avec celle qu'il aime maintenant, à savoir Haydée...

Entre des vengeances où ne transparaît pas la moitié de la malice et raffinement de celles du livre, les libertés sur les rôles des personnages voir leur non-existence, le tout sur un rythme précipité, on aboutit à un film qui s'il n'était pas basé sur ce chef-d'œuvre serait passable. Sauf qu'il l'est, et que par conséquent il est incompréhensible de se rater à ce point.

Surnagent le jeu d'acteur, qui donne un semblant de consistance à ce simulacre de scénario, les décors et une réalisation plutôt plaisante.

On peut imaginer qu'adapter ce pavé en 3H est un défi. Mais l'adapter de cette façon, en lui enlevant toute sa substance, en changeant le rôle des personnages et leurs destins, sur un rythme effréné où tout se perd, c'est du gâchis. On peut cependant espérer que cela aidera à faire redécouvrir le livre.

Penludique
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le 1 juil. 2024

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10 j'aime

Penludique

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