La vengeance est une fin en soi

Bonne surprise que ce Comte de Monte-Cristo même s'il possède quelques défauts qui l'empêche de se hisser à la hauteur du roman.

Tout d'abord, il faut dire que le film est assez fidèle au roman et surtout au personnage du Comte et c'est un peu aussi son défaut.

Disons que dans le roman, Dumas se contente d'expliquer la vengeance du Comte par l'injustice qu'il subit, la cause est ici purement extérieure. Certes, on dira que cela est suffisant mais il n'empêche que la noirceur du Comte de Monte Cristo n'a aucun fondement, aucune généalogie interne, propre au personnage. On passe d'un Edmond Dantès bon, droit, prêt à sauver une femme de la noyade, amoureux de sa femme, à un Comte vengeur, orgueilleux et implacable. Ces deux aspects de la personnalité est certes soulignée par le fait que le Comte se présente toujours au monde sous un masque, mais elle n'est jamais dialectisée.

Si on ne pouvait pas vraiment reprocher à Dumas cette absence de psychologie du personnage, dont ce n'était pas du tout le culture au XIXeme siècle, force est de constater qu'aujourd'hui, cela paraît un peu simpliste.

C'est comme si on nous montrait le transformation de Bruce Wayne en Batman sans sa phobie des chauves souris. Et je ne sais pas si le créateur de Batman s'est inspiré du Comte de Monte Cristo mais il est clair qu'en voyant le film, on pense tout de suite à Batman ( le manoir, la noirceur du personnage, il fait souvent justice la nuit, il porte un masque), aux super héros en général d'ailleurs, à Dracula aussi.

Il n'empêche que le personnage fonctionne assez bien et c'est surtout grâce à la prose de Dumas chez qui la vengeance touche au sublime. La radicalité du roman tient du fait qu'il traite la vengeance comme une fin, ce n'est pas un moyen pour retrouver l'être aimé, perdu à jamais ou pour rétablir une injustice, la vengeance se suffit à elle même, elle a la raison de vivre du Comte et aussi son fardeau.

Vraiment, il faut lire ce roman qui est un véritable chef d'œuvre de la littérature et dont les déclarations vengeresses du Comte restent encore longtemps en mémoire.

L'adaptation cinématographique quant à elle se contente d'être un bon divertissement avec quelques jolies plans, de jolies musiques même si les réalisateurs l'utilisent de manière un peu trop systématique.

Elle manque cependant d'une réelle approche, c'est une adaptation un peu trop sage qui se contente de réutiliser efficacement le génie ludique et littéraire de Dumas.

Personnellement, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde sur les 3 heures de film.