Monte Cristo sans Napoléon et sans Marseille

Sans espoir de voir un grand film, j'ai été plutôt surpris par la densité de l'œuvre. Les réalisateurs (que je ne connaissais pas) ont fait le choix de dépouiller le l'œuvre original de certaines de ses problématiques (historique et sociale en l'occurrence) au profit de ses aspects tragique et philosophique.

Le tragique d'abord.

C'est bien évidemment le noyau de l'histoire de Dumas, ici il est retravaillé afin de coller à une vision cinématographique de l'histoire d'Edmond Dantès qui se doit de différer du roman afin de présenter une bonne adaptation. En effet certaines longueurs de l'œuvre, plaisantes à la lecture puisque marqueur de l'écriture romanesque de Dumas, ont dues être remodelées, raccourcies voire effacées. Mais la quête de vengeance d'Edmond reste lisible, son rapport au bonheur bafoué et son obsession restent les maîtres mots de l'œuvre et ainsi l'adaptation se veut assez fidèle à l'œuvre dans ses thématiques.

La philosophie ensuite.

Le Comte de Monte Cristo, c'est un récit qui traite de dualité, de duplicité. Edmond Dantès disparait au profit du Comte de Monte Cristo mais l'un ne peut exister sans l'autre et inversement. C'est un récit réflexif qui parle du spectateur et de son masque social, sa représentation via ses expériences et ses traumatismes, et enfin, à la fin de l'œuvre, de comment s'accepter totalement.

Là dessus le film fait un bon travail et Pierre Niney réussit la plupart du temps à nous perdre entre ses deux personnages sans pour autant proposer un chef d'œuvre d'acting.

Le film brille surtout, pour moi, par le savoir faire de ses techniciens, la lumière, les accessoires, les costumes, les maquillages montre un savoir faire du cinéma français qu'on peine parfois à percevoir, certainement faute de budget.

Il aura donc fallu l'adaptation, très chère, d'un classique de la littérature pour permettre aux "petites mains" du cinéma français de briller.

En somme, un bon moment, une adaptation honnête qui respecte l'identité de l'œuvre mais qui ne brille pas particulièrement par son audace ou par son originalité.