Un insert au début du film souligne la valeur de l'oeuvre et des personnages de Dumas tout en s'accordant sur les excès "romantiques" du sujet. Il est vai que les aventures d'Edmond Dantès, futur comte de Monte-Cristo, forment une matière romanesque aussi dense que rocambolesque.
Cependant, la mise en scène de Robert Vernay n'est pas de nature à atténuer les invraisemblances ou improbables rebondissements du roman et de la destinée extravagante de Dantès.
En deux parties et deux films distincts, Vernay raconte donc l'injustice faite à Edmond Dantès, modeste marin accusé, à l'aube des Cent Jours, de complot contre Louis XVIII puis,
après vingt années de réclusion du héros,
narre avec délectation l'implacable et mure vengeance de celui qui se nomme désormais comte de Monte-Cristo. Il n'aura de cesse de punir, sans discernement parfois et sans soulever de véritables questions morales, ceux qui l'ont trahi et déchu.
Le film est de son époque, celle malheureuse de l'Occupation, où par manque de moyens sans doute, on se voit contraint de tourner pour l'essentiel des scènes d'intérieur. De sorte que l'intrigue de Dumas n'a pas cette envergure, ce souffle de l'aventure spectaculaire qui auraient pu gommer une part des balourdises de l'écriture.
Le film est aussi de son époque artistique, à en juger par son interprétation assez théatrale qui enferme des seconds rôles univoques dans le cliché romanesque (le voleur, le félon, le généreux...). Parallèlement aux facilités de la mise en scène, simple découpage des chapitres du roman, cette absence d'authenticité et d'originalité des personnages agace souvent. Le premier d'entre eux, joué par l'emphatique et peu convaincant Pierre-Richard Wilm, ne permet pas, parce qu'il est dépourvu d'une quelconque complexité et vérité humaines, d'aller au-delà des complaisances romanesques où l'adapation le cloisonne.