C'est incroyable de faire un film contre la manipulation, tout en manipulant le spectateur en caricaturant Matzneff comme un ignoble cochon sans scrupules alors qu'il était infiniment plus subtil (donc gentil, doux et cultivé) que ce cliché de l'ogre de 50 ans qu'on tente de nous faire avaler.
Le film efface la réalité qui est que Matzneff (et les pédophiles) sont très souvent des gens doux, cultivés, attachants, pudiques, qui incarnent une figure paternelle et qui font rarement le premier pas. Par exemple, Matzneff n'a jamais fait le premier pas, c'est Vanessa qui l'a rencontré avec sa mère dans une soirée mondaine. Mère qui dans la vraie vie était amoureuse de Matzneff d'où le fait qu'elle n'était pas très regardante au début (Le livre de Vanessa n'en parle pas, il faut lire les livres de Matzneff pour avoir cette version) donc en voulant renier la réalité ou en en créant une pour faire un film clairement féministe et sans accroches, on perd toute la subtilité de comment pourrait vraiment marcher un pédophile dans les milieux autre que intrafamiliaux.
Et oui, on peux très bien dire que Matzneff était quelqu'un de doux et de cultivé tout en étant sans pitié contre ses actes pédophiles. L'un empêche pas l'autre, encore moins au cinéma. Mais le film se refuse toute ambiguïté, au dépit d'une mise en scène, d'un jeu d'acteur et d'une bande son caricaturale et gratuite où chaque plan vous dis que c'est méchant d'être méchant...
J'aurai donc apprécié plus de nuances même en restant sur un point de vue féministe, un peu comme "Mon roi" de Maïwenn qui était réussi à ce niveau-là.
Et petite parenthèse pour Jean Paul Rouve qui chouine en interview parcque le rôle de matzneff était ignoble et incompréhensible à jouer, mais tout en acceptant 2 ans avant de faire une interview pour Les Clochards Célestes, rare émission qui a invité Gabriel Matzneff un an avant son passage. Là, ca l'a pas déranger. C'est beau.
Au final, on se retrouve avec un film d'horreur américain lambda à tendances psychologiques comme il en existe plein. L'année prochaine, on reparlera d'une autre adaptation et tout le monde aura oublié le film à cause de sa tiédeur. Malheureusement.