« Spécialiste de l’animation dans les années 30, le cinéaste Alexandre Ptouchko a parfois été considéré comme étant le Walt Disney soviétique. Il s’empare notamment des vieilles traditions populaires pour les retranscrire sur grand écran. A partir de 1946, il passe aux prises de vue réelles, mais conserve son goût immodéré pour l’univers des contes et légendes. Il signe une œuvre foisonnante, colorée et particulièrement décorative qui lui vaut un succès permanent auprès du public soviétique (…) Lorsque le réalisateur entame le tournage du Conte du tsar Saltan en 1966, il est désormais devenu un personnage important en URSS et dispose d’un budget que l’on imagine conséquent au vu des images. Il faut dire que le pouvoir en place encourage vivement les artistes à revisiter le patrimoine littéraire de la Russie, et notamment cette œuvre versifiée de Pouchkine. Pourtant, le contenu thématique ne chante-t-il pas la gloire d’un régime tsariste abattu par les communistes ? Certes, la teneur du conte est intrinsèquement réactionnaire, mais le pouvoir en place cherche aussi à susciter le nationalisme russe, à travers la valorisation de ses grandes œuvres d’art. » (Cinedweller). Il faut beaucoup d’indulgence et une âme d’enfant (d’enfant d’environ 5 ans et né dans les années 60 !) pour apprécier ce conte d’une grande naïveté, aux décors et costumes assez kitchs, surjoué de façon plus que théâtrale. C’est vraiment « gentillet », et même les horribles mégères, pourtant coupables d’avoir jeté la femme et le tout jeune fils du Tsar, enfermés dans un tonneau soigneusement goudronné, dans l’océan, seront pardonnées à la fin ! Cela dit, le film est réalisé dans un très beau scope, les couleurs sont vraiment splendides et les trucages assez réussis (notamment certaines incrustations). Une curiosité à découvrir. Le film est disponible chez Artusfilms dans une copie vraiment splendide.