Le Convoi est un film exaltant rempli de routiers sympas et buveurs de bière, à condition de pas trop les embêter, et tout part d'un crétin de sheriff trop zélé, teigneux et revanchard incarné par un excellent Ernest Borgnine. Les vrais héros de ce film ne sont pas les "truckers" mais bien plutôt leurs énormes machines surpuissantes et rutilantes aux moteurs ronflants, aux chromes luisants, aux klaxons assourdissants comme des sirènes de paquebot... des Mack, des Freightliner, des Fruehauf et autres Peterbuilt, véritables montures de métal qui ont remplacé les chevaux des cowboys, car le film a bien des allures de western moderne, avec ses saloons enfumés remplacés par des "Truckstop" à hamburgers où l'on écoute de la musique country. J'aime ce côté très américain primaire, c'est ce qui me plait dans ce pays de la démesure, pas les gratte-ciels newyorkais, pas les villes tentaculaires de béton, mais bien plutôt les bandes de bitume interminables qui traversent les grands espaces, avec ces mecs qui bichonnent leurs camions qui sont toute leur vie, ça c'est la vraie Amérique dépaysante pour moi.
On peut s'étonner que Sam Peckinpah se soit lancé dans cette aventure, c'est un film qui peut paraitre un peu plus léger à côté de films comme la Horde sauvage ou Guet-apens, mais derrière tout ce folklore de camionneurs et d'ode à la liberté, il y a aussi un aspect social et un côté humain très fort, on sent que cette famille de routiers est soudée et mise sur l'entraide pour régler des problèmes. Tout ceci est inséré dans une enveloppe assez ludique et un peu spectaculaire (la file d'une centaine de camions sur l'asphalte constitue des scènes impressionnantes) où les camions sont rois. Un des films les moins connus de Peckinpah qui mérite le détour.