On reconnait un film qui n'a pas vieilli à l'efficience de son style et à la pertinence de sa mise en scène, même 40 ans après sa sortie.
En cela, Sorcerer n'a pas vieilli.
S'il reprend du film français dont il s'inspire largement (c'est un remake), Friedkin fait prendre à son film une toute autre allure, plus diabolique, plus terrible, plus horrifique.
Nombre de scènes brillantes nous font retenir notre souffle (la double traversée du pont, ou l'angoisse à son paroxysme) tandis que d'autres nous font plus respirer (on pense aux longs silences de ce quatuor d'hommes forcés de constater l'inévitable difficulté de leur situation et tentant dans un dernier effort, vite bousculé, de s'humaniser un peu).
La mise en scène, poisseuse et anxiogène, sert à merveille les scènes de convoi, mais on laissera un petit bémol dans la première partie, un peu trop lente aux abords un peu improvisés (les séquences en France).
Le tout est servi par une B.O. bien seventies aux sonorités jazz et aux soubresauts électros.
Friedkin prouve ici son grand talent de metteur en scène et de "filmeur", dans ce qui restera l'un de ses films les moins connus et pourtant l'un de ses plus réussis.

Charles Dubois

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