Un film qui peut être délicat à suivre si on ne fait pas assez attention. Il y a de nombreux flashbacks avec des personnages qui ne changent pas du tout physiquement entre les époques.
C'est un Belmondo nettement plus sobre que ce à quoi il a pu nous habituer dans sa carrière. Sobre. Froid. Parfois perdu dans ses pensées. Propulsé dans une société qui a beaucoup évolué en dix ans et qu'il ne reconnaît plus. La population a massivement augmenté. Les HLM se sont développés. Les commerces agressent les futurs acheteurs en leur proposant des produits dont ils n'ont pas forcément besoin à grands coups de promotions et de slogans.
Mise en scène de Verneuil solide. Dialogues de Michel Audiard ciselés (il venait de perdre son fils François dans un accident de voiture et le désenchantement présent dans Le Corps de mon ennemi n'y est sans doute pas étranger). Le Corps de mon ennemi est aussi une critique de cette bourgeoisie provinciale et de ses petites magouilles : collusion du monde des affaires et celui de la politique. Ce n'est pas joli joli : mariage arrangé, pots-de-vin, règlements de compte, trafic de drogue, maire local surpris travesti et en pleine séance de sadomasochisme.
- Qu'est-ce qui me dit que vous n'allez pas me descendre après ?
- Tu préfères avant ?