"Le coup de sirocco" est le premier film d'Alexandre Arcady.
Le film relate les derniers mois difficiles en Algérie au moment de l'indépendance et les déboires et problèmes à l'arrivée des rapatriés en métropole. On peut dire que le film est possiblement autobiographique ; je dirais surtout que cela a été le lot commun de bien des français qui ne roulaient pas sur l'or en Algérie et qui se sont retrouvés ruinés ou dépossédés du jour au lendemain..
Tout est dit avec les paroles du guichetier de la SNCF qui n'applaudit pas à l'arrivée des "rapatriés" et qui exprime un viscéral mépris accentué par le mauvais souvenir de certains français ayant eu à à faire leur service militaire en Algérie.
Le film s'appuie donc sur le sort de la famille Narboni, épiciers à Tadjira et de leur fils, qui fraîchement arrivée à Paris doit se débrouiller pour trouver logement, travail et tenter de se faire à cette nouvelle vie.
On va trouver dans ce premier film bien des éléments qui vont faire la particularité et le charme du cinéma d'Arcady : les personnages chaleureux, généreux et bruyants, les scènes de famille touchantes où on passe du drame à la comédie en quelques secondes (et vice versa) et où le moindre problème est mis sur la table et résolu à coups de gueule.
On va aussi trouver dans ce premier film une grande partie des acteurs ou des actrices "typiques" : à commencer par le sympathique, tonitruant et pas extrêmement subtil (c'est une litote), Roger Hanin. Ici il joue le rôle du père de famille qui a laissé son prestige en Algérie et qui a un peu de mal à se faire aux subtilités de la métropole ou des gens qui pourraient être tentés de profiter de sa situation.
Associée à Roger Hanin, il faut compter sur l'inénarrable Marthe Villalonga qui au fil des films et des pièces de théâtre, s'est spécialisée dans les rôles de "mère juive" alors que, dit-elle, elle n'est ni mère ni juive". Ici, elle tient le rôle de la mère déboussolée par ce pays et ces gens froids, qui refuse l'idée de pouvoir mettre le couscous en boite et qui ira faire une scène auprès de la copine du fils "attention, ne me touche pas, je risque d'avoir un bébé".
Un incontournable du cinéma d'Arcady, c'est Lucien Layani, toujours excellent second rôle. Ici son personnage (comme souvent d'ailleurs) est quelqu'un de clairvoyant et plutôt malin pour se dépatouiller des situations où il se trouve. C'est souvent l'homme calme et de bon conseil.
D'autres personnages sont régulièrement employés comme Philippe Sfez.
Dans "le coup de sirocco", il y a un jeune Patrick Bruel, qu'on retrouvera dans d'autres films d'Arcady comme "le grand carnaval". Ici il joue le rôle du fils qui, à 20 ans, est un peu perturbé par son système hormonal ... Je n'ai pas compris pourquoi ce n'est pas lui qui dit la voix off (au lieu d'Arcady)
Et pour conclure sur le casting, il faut citer le cauteleux et trop poli Michel Auclair qui joue le rôle d'un ami (un peu intéressé - encore une litote) de Roger Hanin. Très bon second rôle...
Pour l'anecdote, on trouve certains membres de l'équipe du Splendid comme Jugnot ou Anémone.
Ce premier film, très intéressant en tant que témoignage d'un moment critique dans la vie des pieds-noirs rapatriés, n'a pas encore la puissance évocatrice des films d'Arcady qui suivront comme les "Grand Pardon" ou encore "le grand carnaval" ou "dernier été à Tanger". On va dire que c'est une répétition générale de très bonne qualité.