Une mise à l’eau chambranlante mais tout de même intéressante pour le réalisateur Roman Polanski. Le rapport de force entre les personnages est le point d’intérêt du film. Un homme d’âge mûr, bien en selle économiquement, et sa compagne, apparemment plus jeune que lui, partent pour un week-end de voile. Sur la route, ils embarquent un étudiant autostoppeur qu’ils convainquent de se joindre à eux. S’installe alors un huis clos mettant en duel deux générations : André qui incarne le pouvoir à travers son rôle de capitaine de bateau, l’étudiant qui négocie mal avec l’autorité et entre les deux, Christine partagée entre son amant contrôlant et un Roméo susceptible de la libérer. Là où le bât blesse, c’est au niveau de la longueur de la mise en situation. À un moment donné on a l’impression que l’histoire avance au même rythme que l’embarcation aux prises avec une tombée du vent. Heureusement, l’accent mis sur le couteau de l’étudiant vient calmer notre impatience en nous laissant entrevoir un dénouement dramatique. La conclusion nous réjouit puisque ce sont les jeunes rebelles qui l’emportent sur le tyran. Les cadrages mettant à plusieurs reprises des personnages en avant plan en close up contribuent intelligemment au jeu de pouvoir que ses livrent les protagonistes. La métaphore à travers un triangle amoureux de la lutte des classes supposément abolie par les régimes communistes témoigne de l’audace et du mordant du réalisateur en devenir. Cela le servira professionnellement…