Si un tel film sortait aujourd'hui, ma note serait moins élevée, la faute à un scénario astucieux mais tout de même artificiel et prévisible.
De même, la plupart des protagonistes manquent de caractère et de profondeur, à l'exception du personnage incarné par le britannique Claude Rains, charismatique et ténébreux .
Le couple de jeunes premiers, en particulier, rivalise de fadeur, avec une prime à l'américaine Joan Caulfield dans le rôle de l'oie blanche terne et naïve, qui ne fera d'ailleurs pas une grande carrière.
Mais on se régale malgré tout de la patine de ces années 40 au sein de la bonne société, sublimée par une mise en scène particulièrement soignée de Michael Curtiz, entre jeux d'ombres expressionnistes et poursuite finale en pick-up dans les bas-fonds ouvriers de la ville.
"The Unsuspected" ne restera donc pas dans les mémoires, mais reste un bon film noir qui égratigne gentiment l'élite bourgeoise américaine.