Le Cygne est la deuxième des quatre adaptations (du moins, au moment lors duquel est rédigée cette critique !) de nouvelles de Roald Dahl, assurées par Wes Anderson pour Netflix.
L'auteur de Charlie et la Chocolaterie pouvait raconter des récits qui, au-delà de leur poésie, de leur symbolisme, de leur onirisme, abordaient des thèmes bien réels et durs. Ici, on en a la preuve, car il s'agit de deux petits connards débiles et sadiques qui vont s'acharner sur un enfant chétif, sensible et intelligent.
Des quatre courts-métrages adaptés, c'est celui-ci qui est, pour moi, le plus réussi et de loin, étant donné, notamment, que le sujet est particulièrement fort ainsi que révoltant en lui-même. En outre, Rupert Friend, qui est et joue le narrateur principal ici, au-delà de son attitude placide, de circonstance chez Anderson, parvient à faire passer des émotions par une certaine rage sarcastique retenue.
Pour ce qui est de la forme, comme pour Henry Sugar et les deux autres adaptations, le texte est dit à la virgule près par les narrateurs, face caméra. Si l'enfant harcelé apparaît à l'écran dans plusieurs postures, c'est le personnage de Friend qui effectue lui-même la plupart des gestes et des attitudes racontés, étant toujours au centre de l'image (si on excepte la toute fin avec l'intervention de Roald Dahl, incarné, comme dans les autres contes mis en scène, par Ralph Fiennes !) . La colorimétrie des décors et des costumes (y compris, évidemment, les figurants qui fournissent ou plantent des accessoires !) est dans une tonalité grisâtre, automnale (alors que ça se déroule en mai !), d'un jour terne dans la campagne anglaise, collant très bien avec l'ambiance générale portée vers la tristesse.
Il est à croire que dans cette série d'adaptations, Wes Anderson est meilleur dans la gravité que dans la légèreté.