Dans la petite ville de Bangor, Jenny Hager est une petite fille au comportement autoritaire, élevée par un père alcoolique, pauvre et violent. Elle veut devenir riche. Devenue une jeune femme machiavélique, elle compte sur sa grande beauté pour séduire les hommes et parvenir à ses fins.
Le Démon de la chair (The Strange Woman) est un film noir américain réalisé par Edgar George Ulmer, sorti en 1946. Il s'agit de l'adaptation d'un roman de Ben Ames Williams.
La femme fatale a toujours constitué un thème cinématographique fascinant. De L'ange bleu à Prête à tout en passant par Basic instinct ou Péché mortel, nombreux sont les films qui mettent en valeur des "mantes religieuses" souvent irrésistibles dans un monde que l'on dit souvent gouverné sans partage par les hommes. Mariant avec bonheur les genres du film noir et du film à costumes d'époque, le démon de la chair est une réussite dans le genre.
Jenny, une femme manipulatrice et complexe
Le démon de la chair repose sur la beauté et la prestation d'Hedy Lamarr (Hedwig Eva Maria Kiesler). D'une troublante beauté et sans scrupules, son personnage séduit sans vergogne les hommes qui peuvent lui être matériellement utiles. Elle réussit à s'élever socialement après avoir séduit Isaiah Poster puis son fils Ephraim, qu'elle va convaincre d'assassiner son père. Menteuse et manipulatrice pathologique, Jenny est un personnage schizophrénique et complexe . Elle est pourtant aussi capable d'actions philanthropiques comme avec son amie Lena, prostituée, qu'elle recueille sous son toit. En fait, Jenny, tout comme le personnage de Diana (Un si doux visage d'OttoPreminger) est une femme dangereuse mais également très malade.
Des hommes ensorcelés...
La route de Jenny Hager est jonchée d'hommes trahis au "coeur brisé".
Isaiah Poster puis son fils Ephraim perdront la vie après qu'elle les ait trahis. Jenny mettra aussi la main sur John Evered (George Sanders), un contremaitre de l'entreprise de son mari, pourtant fiancé à son amie Meg.
Le film tourne autour d'Hedy Lamarr (Samson et Dalila...) dont le jeu de séduction fait merveille. C'est un portrait de femme amorale, à la fois forte, autocentrée (Jenny veut se marier mais ne veut pas d'enfants...) et terriblement séduisante que peint ici Edgar G Ulmer. Le film restitue le contraste saisissant qui sépare cette femme calculatrice usant de ses charmes pour mieux s’élever et une société puritaine moralisatrice et hypocrite. Les morceaux d'anthologie du film sont nombreux notamment celui où un prêche désigne Jenny, pourtant présente dans l'église et terrassée par la honte, comme un succube envoyé de l'Enfer pour détruire le foyer des honnêtes gens...
Tourné en studio dans de superbes décors, superbement mis en scène et doté d'un très bon casting, le film n'a pourtant pas eu le succès escompté à sa sortie. Il n'est pas trop tard pour le découvrir: Le démon de la chair vostf.
Heddy Lamarr
Le démon de la chair est un mélodrame noir réussi qui devrait ravir les amateurs du genre. Le film vaut le détour, ne serait ce que pour son actrice principale, Hedy Lamarr, a hot brain in a hot body.
L'actrice d'origine Viennoise n'était pas seulement celle qui fut désignée en son temps comme La plus belle femme du monde, elle fut également une scientifique, co inventrice d'un moyen permettant de coder les transmissions et d'un dispositif qui a anticipé le GPS, le wifi, le bluetooth et tout ce qui relève des échanges sécurisés. Hedy Lamarr inspira d'ailleurs le romancier Philippe Kerr, pour le personnage de Dalia Dresner dans La dame de Zagreb (2015).
Casting : Hedy Lamarr, George Sanders, Louis Hayward, Gene Lockhart, Hillary Brooke, Rhys Williams, June Storey
Ma note: 7/10