Une jolie fresque naturaliste que Mann aime filmer en basses lumières pour un résultat plus ou moins visible. Les scènes de siège sont impressionnantes de figurants et de matos, ça bombarde allégrement, et les paysages sont vraiment chouettes. J'ai un peu de mal avec le personnage principal dont les motivations ne sont pas très claires, électron libre de cette histoire qu'il survole par ses compétences martiales et sa maitrise des codes sociaux tant natifs qu'occidentaux : cet aspect de surbourrin jamais en danger qui passe son temps à courir et à défourailler lui donne un côté John Matrix matiné d'Ogami Itto. Ah si, il y a bien évidemment l'amour qui le pousse à s'impliquer, mais je suis peu réceptif à ce genre de romance foudroyante et improbable, surtout avec le style très 90's de la séquence d'amour sur les remparts du fort. Et difficile en 2025 de ne pas tiquer sur l'inutile blanchissage du personnage pour le rendre plus acceptable pour le grand public (et aussi permettre qu'il emballe une p'tite pépée caucasienne).
Preuve en est que son frangin Uncas a, lui, tout juste le droit d'enserrer sa blondinette (prix du rôle inexistant), mais pas plus. C'est finalement Magua qui tire les marrons du feu avec sa quête de vengeance, sale mais compréhensible, et un charisme impressionnant. Sans idéaliser les nations natives, il incarne par ses excès la souillure résultant de la culture de violences et d'instrumentalisation belliciste importée par les occidentaux. Le ridicule fini de toute cette clique européenne, même si un reste de chauvinisme et l'anglophobie plus prononcée du film donnent aux frenchies un semblant de classe, donne envie de tous les passer au lance-flamme ; paradoxe de la culpabilité de jouir encore aujourd'hui des bénéfices de ces exactions.