Le dentier des moricauds.
http://youtu.be/H2syST_MPn8
C'est mon œil de vrai con encore un peu humide que je finis le visionnage des aventures d'Oeil-de-faucon. Vrai con parce que cette fin me cueille toujours, humide parce qu'en fait je suis un putain de romantique. Bon, si tu as cliqué sur le lien qui précède, tu écoutes aussi un des trucs qui me font chialer, cette musique qui presse sur mes glandes lacrymales, participant à l'inondation de mes joues.
A croire que Michael Mann a construit tout son film pour arriver à ce quart d'heure final, imparable. Qu'il slalome entre l'éclatant (des décors tellement grands, tellement vrais que tu sens la forêt te titiller les narines du fond de ton canapé ou l'eau t'éclabousser le visage, une jolie scène de poursuite qui se termine dans une cascade, sous une de mes joues, le siège du Fort, nos amis Mohicans qui crapahutent entre les arbres centenaires, chassant et remerciant leur proie...) et le piteux (l’exécrable scène avec les Hurons où ça parle français en phonétique , on peut être gêné aux entournures, nous autres, ou l'étonnant jeu de Patrice Chéreau, tout en je-ne-cligne-pas-des-yeux)
Le héros c'est l'anglais Nathaniel, Oeil-de-faucon ou Long fusil (en référence à ce qu'il cache élégamment sous sa petite culotte en peau de raton-laveur) élevé, après la disparition de sa famille lorsqu'il avait 3 ans, en fils blanc, avec son autre fils Unca, par Chingachgook, le dernier de sa race, les Mohicans.
Daniel Day Lewis, livre comme d'habitude une prestation tout en immersion dans le personnage (il a appris à vivre sous un tipi, à chasser et à dépecer des animaux, à faire caca dans un trou qu'il recouvrait d'un caillou pour ne pas marcher dessus et surtout à refuser le thé de seize heures dont le bonhomme est un aficionado.). Il a de longs cheveux, il court comme une gazelle, piste partout, tire au fusil à silex comme personne, courageux mais un peu sauvage, il est très beau et tu sais qu'avec lui il y a moyen de rester en vie en ces temps où le feu des canons peint de rouge le ciel de la nuit. Donc c'est évidement le type qui fait craquer la fille aînée de Cheveux-gris, un gradé anglais du coin, malgré les différences culturelles et sociales.
Mais ça aurait pu être Magua, le héros. L'âme réelle de ce nouveau monde.
Magua le Subtil, le mangeur de coeur humain, le Huron/Mohawk, qui représente ce qu'est vraiment l'Amérique pour laquelle ces français et ces anglais se battent. Sauvage, implacable.
Cette Amérique qui disparaît, obscurcissant l'avenir de tous les peuples amérindiens.
Un sauvage sanguinaire,éclaireur pour les Français, chef de guerre à la rancune tenace pour le reste du monde , qui te fait une jolie tonsure en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Incarné par un Wes Studi habité.
Une fin terrible par sa beauté. Des paysages qui écrasent les hommes, conjuguant le drame absolu, une mort pleine de courage, chevaleresque, une autre glaçante comme le renoncement et la vengeance d'un père et son cri inaudible, de douleur, et l'évidence, il est maintenant le dernier de son peuple. Le dernier des Mohicans.
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