Michael Mann est réputé pour son côté perfectionniste, aussi a-t-il apporté un soin particulier à cette reconstitution historique qui relate une page sanglante de la conquête du Nouveau Monde qui voyait les Français et les Anglais s'entretuer pour des possessions territoriales par tribus indiennes interposées en exacerbant les rivalités de ces dernières. Mann marie à la perfection authenticité, hymne à la nature, réalisme barbare des combats, puissance dramatique et fièvre romanesque ; cette adaptation du célèbre roman de Fenimore Cooper se démarque des précédentes versions par ces éléments auxquels s'ajoutent une ampleur épique, des décors naturels grandioses, un lyrisme enveloppé dans un récit violent et tragique. Mann apporte donc un souffle nouveau, et en cela, le film ne peut pas être considéré (comme il l'est parfois) comme un western, l'action se passe bien avant la période classique du genre, plus d'un siècle avant la guerre de Sécession.
L'ensemble est servi par une interprétation hors-pair, Daniel Day-Lewis est magnifique, et Madeleine Stowe y trouve un beau rôle de femme ; on y découvrait aussi le beau visage typé de Wes Studi dans le rôle de Magua, juste après une petite participation à Danse avec les loups et avant son rôle-titre dans le Geronimo de Walter Hill, qui conditionneront sa carrière vers des rôles d'Indiens. A retenir aussi l'envoûtante partition de Trevor Jones et Randy Edelman (que j'ai beaucoup écoutée en CD), avec surtout les morceaux "Promontory", "The Blade", "Top of the world" ou "The Courier"... Du récit d'aventure à grand spectacle, superbement photographié.