Les décors et la beauté de l'image sont rarement une bonne raison pour aimer un film, mais le "Dernier Empereur" constituera donc une exception, tant il est impossible de séparer le récit de la vie broyée et impuissante de l'empereur Pu-Yi ce son cadre, la monumentale et terrible Cité Interdite, mais également de l'époustouflante utilisation que Bertolucci fait de son décor, de ses costumes, et des milliers de figurants qui peuplent la vie de l'étrange enfant... D'une manière paradoxale, voire perverse, l'avalanche des moyens de production pour une histoire aussi essentiellement inerte renvoie directement au sujet même du film : l'immense gâchis qu'a pu représenter aussi bien la vénération aveugle envers l'Empereur que la Révolution Culturelle, alors que la vérité est tellement plus essentielle, la valeur infinie de la moindre vie humaine... [Critique écrite en 1987]