De Deodato, je ne connais que son chef d'oeuvre horrifique "Cannibal Holocaust". J'ai quelques autres films de sa part, mais je n'ai pas encore pris le temps de les regarder. Je ne savais même pas que ce "Ultimo mondo cannibale" était de lui. Ce fut une bonne surprise. Surtout après avoir regardé le très mauvais "Schiave bianche: violenza in Amazzonia" qui se trouvait dans le même coffret.
Un scénario très épuré mettant en avant l'homme confronté à la nature et même à la bête qui sommeille en lui. Le constat du film n'est pas si éloigné de celui de "Cannibal Holocaust", on peut même considérer ce film comme une introduction : l'homme n'est pas si éloigné que ça des sauvages et il en faut peu pour qu'il retrouve cet état bestial. En minimalisant son récit autant, Deodato ne fait qu'amplifier la force de son film : pas de sous intrigue inutile, on va à l'essentiel : l'homme en survie.
De bonnes idées c'est bien, mais il faut aussi savoir les exploiter et surtout les mettre en forme. Et c'est ce qui fait le plus souvent défaut dans les films de ce genre (le mondo). Deodato est l'un des rares réalisateurs de ce genre à savoir filmer la fôret de la sorte ; on sent bien ici le terrain hostile, dangereux, et l'inclusion d'archives assez sanguinaires fonctionnent globalement bien. On retrouve aussi, malheureusement, le goût du réalisateur pour l'exécution devant caméra d'animaux. Pour les manger toujours, mais cela reste un acte assez atroce à voir puisque l'auteur favorise des morts très violentes.
Outre ce décor somptueux et bien rendu à l'image, nous avons de bons acteurs. Les deux blancs jouent bien, surtout le héros qui a dû souffrir durant le tournage ; les deux autres victimes jouent moins bien mais disparaissent assez vite, nous voilà donc soulagés. Enfin, les indigènes plus vrais que natures, sauf peut-être LA femelle qui reste un peu trop canon (dentition parfaite, taille de mannequin), mais en même temps pourquoi pas ? Ce n'est pas parce que des gens vivent comme des sauvages qu'ils ne peuvent pas bénéficier d'une belle plastique.
Le tout est assez bien rythmé sur la table de montage, ça bouge bien malgré quelques maladresses. La bande son n'est pas toujours convainquante mais c'est typique de ce genre pour moi.
Bref, un bon film d'aventure lorgnant sur l'horreur, de bonnes idées scénaristiques (épuration maximum) et visuelles (l'enfer vert) font de ce dernier monde cannibale un très bon divertissement.