Des cinq romans écrits par Francis Scott Fitzgerald, tous (ou presque) ont été transposés à l'écran. Il ne manque que "L'Envers du Paradis" et "Le Dernier Nabab", qui est resté inachevé, bien que ce dernier fut déjà adapté plusieurs fois pour la télévision. Pourtant, les années 70 semblent avoir réveillé la flamme et, deux après la troisième adaptation de "Gatsby le Magnifique" par Jack Clayton, le roman posthume de Fitzgerald est contre toute attente adapté par l'écrivain anglais Harold Pinter et mis à l'écran par Elia Kazan (Un tramway nommé désir...). Et bien que le roman ne soit pas terminé, le romancier londonien va toute de même finir l'œuvre de Fitzgerald à travers ce long-métrage particulièrement réussi...
Comme pour "Gatsby le Magnifique", le scénario dépeint l'Amérique des années 30, ses personnages riches et leur mode de vie excentrique, en particulier ici les dirigeants d'un gros studio de cinéma avec leurs caprices de stars, leurs soucis financiers et l'arrivée de la très intrusive Writers Guild of America. Nous suivons donc la vie tumultueuse de Monroe Stahr, directeur de production d'un gigantesque studio, riche comme Crésus mais aussi très solitaire depuis la mort de sa femme, actrice de son état. Sans cesse à la recherche de son unique amour, Monroe repousse les avances des plus magnifiques créatures qui croisent son chemin (notamment la fille de son puissant patron) et ne va vouloir réapprendre à vraiment vivre qu'auprès de Kathleen Moore, une jeune femme qu'il aperçoit un jour.
Une idylle interdite et très sensuelle va naître alors entre le producteur et cette mystérieuse femme. Nanti d'un casting haut de gamme (Robert De Niro, Ingrid Boulting, Robert Mitchum, Jack Nicholson et même Tony Curtis et notre Jeanne Moreau nationale), Le Dernier Nabab est une œuvre passionnante, un film sombre maquillé en une histoire d'amour rose bonbon qui dépeint surtout une époque difficile pour les studios américains, de plus en plus harcelés par ce syndicat protégeant les droits d'auteur des scénaristes mais mettant des bâtons dans les roues de ses dirigeants, privés de leurs libertés au profit de demandes exaspérantes. Mélangeant donc peinture de ce monde énigmatique et romance émouvante, le tout à travers les yeux d'un homme triste qui semble tout avoir, Le Dernier Nabab est une petite merveille à voir absolument.