Un film classieux à la réalisation soignée dans ses moindres détails. The Last Tycoon est une superbe ode à l'amour, mélancolique et d'un étrange apaisement. La prestation de Robert De Niro, toute en retenue, est impressionnante : elle constitue l'argument de poids du film d'Elia Kazan, et impose directement le visionnage de cette fresque élégamment construite.
Monroe Stahr, personnage nuancé de producteur opiniâtre et torturé est le moteur essentiel de l'intrigue, nabab en proie à des chimères que lui seul pense pouvoir contrôler. The Last Tycoon est une oeuvre montrant un homme bien incapable de concilier sa vie privée et sa vie professionnelle, présentant le sentiment amoureux comme une entité vampirique... C'est, de ce point de vue, une oeuvre voisine du Vertigo hitchcockien, le suspense et l'exubérance en moins. Tenant place dans le Hollywood des années 30 elle est de fait une oeuvre historique qui paradoxalement n'accorde que très peu d'importance à la réalité industrielle de la fameuse Mecque du Cinéma de l'époque. Kazan y privilégie donc la figure de Monroe, ses blessures secrètes et ses espoirs, en somme sa psychologie. Le cinéaste fait de son film un film singulier, précédé par son potentiel littéraire et sublimé par la composition élégiaque de Maurice Jarre...
Certes The Last Tycoon témoigne d'un rythme exigeant, volontairement dilaté mais qui dégage énormément de tendresse et de poésie. Deux moments de très grand cinéma sont à relever : d'une part toute la séquence entre Monroe et Kathleen sur la côte, bouleversante par son absurdité romantique ; et d'autre part le plan ultime, véritable apothéose d'une carrière flamboyante au parfum d'inachevé. A noter l'intrigante apparition de Jack Nicholson et la présence de Donald Pleasence dans la distribution. Un grand film.